Thomas Mirow : «Fare di tutto per evitare il fallimento delle banche in Europa Centrale»
– Intervista a Thomas Mirow, ex ministro tedesco alle Finanze, successore del francese Jean Lamierre alla presidenza della BERD, dirige il piano di sostegno finanziario alle banche dell’Est Europa.
– Questione di settimane per evitare una stretta creditizia applicando il piano di salvataggio della BERD. Il fabbisogno per la ricapitalizzazione è valutato in circa $150MD, e in $200MD per il rifinanziamento.
– Non c’è un ritiro generalizzato di capitali da parte delle banche madri, ma è il prestito è reso più difficile dall’aumentato costo del credito e dalle pressioni sulle valute locali.
– C’è il rischio di protezionismo bancario, ma anche della consapevolezza dei suoi pericoli.
– La questione della situazione economico-finanziaria dei paesi dell’Est deve essere discussa da capi di Stato europei perché essa può avere ripercussioni su tutta l’Europa.
– Oggi 10-12 banche dell’Europa occidentale sono molto impegnate in Europa orientale e centrale, in particolare quelle di Austria, Svezia, Francia, Grecia, Italia e Germania. Eventuali fallimenti di filiali o banche nell’Est avrebbero senz’altro ripercussioni sulla zona euro.
– L’esperienza di Lehman ci ha dimostrato che il fallimento di una grande banca ha un impatto intollerabile su tutta la finanza e l’economia.
– Possibile impedire alle banche i prestiti in divisa in paesi fragili? I prestiti in divisa estera (yen o franchi svizzeri non importa) sono un rischio, ma è difficile vietarli, perché nella maggior parte di questi paesi i tassi di interesse sono molto alti, e non è perciò possibile avere prestiti in valuta locale per progetti a lungo termine.
– Possibile imporre alle banche un rapporto più prudente tra propri capitali e debito; la Polonia lo fa, traendo un insegnamento dall’ultima crisi bancaria del 1990; lo fa la Turchia.
– Il progetto BERD non sarebbe possibile senza l’appoggio dell’FMI.
– Il calo della crescita del 10% della Lettonia si spiega con la crescita molto forte degli ultimi anni in gran parte dipendente dal mercato immobiliare. Per l’Europa centrale il settore auto o l’industria in generale non sono motori di crescita, per il ruolo ancora poco rilevante nel valore aggiunto.
– I paesi dell’area dell’Euro devono discutere l’opportunità o meno di un sostanzioso prestito a sostegno dei paesi dell’Est, ma diversamente dal programma BERD servirebbe a rifinanziare gli Stati e non le banche.
Aumento del fondo di stabilizzazione UE di €25MD, per farne una specie di Fmi europeo? I maggiori paesi UE non lo desiderano e non ne hanno i mezzi, hanno un debito pubblico già molto grande; possono aiutare i paesi dell’Est facendo rivivere la loro industria.
Thomas Mirow : «Il faut tout faire pour éviter une faillite bancaire en Europe centrale»
– Ancien secrétaire d’État allemand aux Finances, Thomas Mirow a succédé en au Français Jean Lemierre à la présidence de la BERD. Il pilote le plan de soutien financier aux banques d’Europe centrale. Entretien.
LE FIGARO. – Quelle est l’urgence de ce plan de sauvetage financier piloté par la BERD en Europe de l’Est ?
Thomas MIROW. – C’est une question de semaines. Notre plan doit être déployé au plus vite, sinon nous courrons un sérieux risque de «credit crunch» en Europe de l’Est, c’est à dire un financement très insuffisant des entreprises, des ménages et du commerce extérieur.
Y-a-t-il vraiment un risque de faillite bancaire aujourd’hui à l’Est ?
Il y a des risques, en effet. Le refinancement de certaines institutions est particulièrement difficile. C’est pourquoi nous devons leur venir en aide. Dans la crise actuelle de nombreuses banques ont besoin de l’appui de leurs États via des plans de soutien nationaux, mais aussi de notre aide.
– Les besoins sont estimés à 150 milliards de dollars pour la recapitalisation 200 milliards pour le refinancement. Vous confirmez ces montants ?
Si l’on prend le pire scénario de valeurs d’actifs, ces chiffres donnent une assez bonne idée de la situation.
Les banques de l’Est sont-elles victimes d’un retrait de capitaux de la part des maison mères ?
– Il n’y a pas de retrait généralisé de capitaux, mais il n’est plus possible de prêter comme avant. Les coûts du crédits ont augmenté. Et les pressions sur les monnaies locales constituent un facteur de risque supplémentaire.
Peut-on parler de protectionnisme bancaire ?
– Il y a un risque. Mais aussi une prise de conscience des dangers du protectionnisme en la matière.
Quels sont les pays les plus à risques ?
Dans cette initiative, nos clients sont les banques, pas les États. Pour ce qui est des pays, les pays les plus fragiles sur le plan financier ont été cités récemment dans la presse. Je ne veux pas ajouter à la spéculation.
L’Union[e] européenne déploie-t-elle suffisamment d’efforts pour les pays de l’Est ?
La Commission européenne a fait partie de plusieurs programmes en cours par exemple en Hongrie et en Lettonie. Mais certainement la connaissance des problèmes s’est accrue ces dernières semaines. La présidence tchèque de l’UE a inscrit la situation économique et financière des pays de l’Est au menu du sommet extraordinaire dimanche à Bruxelles. C’est une bonne chose. La question doit être débattue au niveau des chefs d’État européens. Car la situation à l’Est peut avoir un impact sur l’ensemble du continent.
Quel est le risque pour la zone euro ?
– C’est très simple : aujourd’hui dix ou douze banques d’Europe occidentale sont très fortement engagées en Europe centrale et orientale, notamment des institutions autrichiennes, suédoises, françaises, grecques, italiennes, et allemandes. Des faillites de filiales ou de banques à l’Est auraient sans doute un impact en zone euro.
On se retrouverait dans la même situation qu’après le dépôt de bilan de Lehman Brothers ?
– L’expérience Lehman nous a montré que la faillite d’une grande banque, d’importance systémique, a un impact sur tout le secteur financier et sur l’économie réelle intolérable. Il faut tout faire pour éviter une faillite bancaire en Europe centrale ou orientale.
A titre préventif, ne faut-il pas interdire aux banques les prêts en devises dans des pays si fragiles ?
Ces prêts en devises, qu’il soient libellés en yens ou en francs suisses, c’est un peu jouer avec le feu. Mais on peut difficilement les interdire. Dans la plupart de ces pays, il est impossible d’emprunter en monnaie locale pour des projets à long terme, car les taux d’intérêts sont très élevés.
Alors que faut-il faire pour éviter d’en arriver là ?
– Il faut imposer aux banques des ratio plus prudents entre capitaux propres et dette. La Pologne le fait, et elle s’en sort mieux que ses voisines. C’est la leçon de la dernière crise bancaire des années quatre-vingt dix. C’est ce qu’a fait la Turquie, et c’est très bien. Les banques doivent être financées plus sérieusement, se comporter de manière plus conservatrice.
Quel est le rôle du FMI dans votre projet ?
Le FMI joue un rôle indirect, mais indispensable qui consiste à stabiliser la situation macroéconomique, notamment les marchés des changes. Sans son appui en Europe, notre projet bancaire ne serait pas efficace.
Les pays Baltes et la Bulgarie ont des systèmes de change fixe. Est-ce une protection ou un fragilité de plus dans la crise ?
Cela peut être une protection sauf si les déficits courants sont très importants, et fortement dépendants du crédit à court terme.
– Comment expliquer la chute de croissance de 10 % de la Lettonie, l’ex- « Tigre balte » ?
– Par une croissance très forte ces dernières années, largement dépendante du marché immobilier, ce qui est toujours très dangereux.
L’Europe centrale n’est-elle pas trop dépendante de l’industrie automobile ?
Non. Pour que l’automobile, et l’industrie en général, reste un moteur de croissance, il faut « monter en gamme », c’est à dire jouer un plus grand rôle dans la valeur ajoutée.
Faut-il accélérer l’entrée de ces pays dans la zone euro ?
Ce n’est pas dans la crise qu’on élargira la zone euro, mais il faut préparer maintenant l’entrée dans un mouvement d’élargissement. Il faudrait ouvrir le débat entre les pays de l’eurozone et ceux de l’Union[e] européenne afin de fixer les étapes à franchir, pays par pays, d’ici l’adhésion à l’euro. Cela contribuerait à stabiliser ces pays, sur le plan financier et macro économique.
Doit-on assouplir les critères d’entrée, notamment ceux de l’inflation ?
– Non. Il ne faut rien changer aux critères d’entrée, sinon cela soulèverait des doutes sur l’euro. Mais il faut un calendrier plus clair. La plupart des pays d’Europe centrale, notamment la République tchèque et la Pologne, ont finances publiques en ordre, avec peu de déficits et moins de dette que certains pays de la zone euro….
De son côté, la Banque centrale européenne peut-elle aider davantage ?
Elle pourrait agir avec ses instruments propres. Elle l’a déjà fait en Hongrie, en mettant des liquidités en euros à la disposition des banques locales.
– La zone euro doit-elle lancer un grand emprunt pour venir en aide à ses voisins de l’Est ?
– Cela doit être débattu entre chefs d’État et de gouvernements. Mais une telle initiative ne remplacera jamais notre projet, car elle servirait à refinancer les États, non les banques.
A défaut, l’Union[e] européenne doit-elle renforcer son fonds de stabilisation de 25 milliards, pour en faire une sorte de FMI européen ?
– C’est une fausse piste. Les grands pays européens n’en ont ni l’envie, ni les moyens. Pour des raisons budgétaires d’abord. Leur endettement public est déjà très important. Le pays d’Europe occidentale seront plus utiles à leur voisins de l’Est s’ils parviennent à ressusciter leur industrie.