Punto di vista – Il progetto iraniano che salverebbe la pace

Xavier Houzel, esperto sull’Iran e commerciante di petrolio

Tesi:

  • Di fronte al rischio di alleanza tra l’Iran e gli elementi
    più radicali delle forze armate del Pakistan,
  • conviene all’Occidente ricostruire rapporti di fiducia con
    l’Iran.
  • Come per l’Irak e le armi di distruzioni di massa, il
    pericolo del nucleare iraniano serve al contempo come spaventapasseri e alibi.
  • soluzione al contenzioso internazionale: la creazione di
    una società iraniana multinazionale per lo Shatt-al Arab su modello della
    compagnia di Suez, con sede amministrativa in Francia.

Perché gli USA si irrigidiscono sulla questione iraniana?

Oltre al petrolio e allo stretto di Ormuz che ne controlla
il flusso,

vi è l’importanza strategica dell’Iran come crocevia di
scambio di merci e idee tra Est e Ovest e tra Nord e Sud.

La provincia iraniana di Arvend, o Chatt al-Arab, parte
dell’estuario comune del Tigri e dell’Eufrate, è sede del maggior giacimento di
greggio ancora intatto, nelle isole di Majnoun, sulla frontiera con l’Irak.

Dopo Europa, Cina, India e Brasile, tocca ora all’area
attorno all’Iran emergere.

L’Iran  ha un seggio
di amministratore in Eurodif, una società che produce il 25 del consumo
mondiale di uranio arricchito, creta nel 1973 da Francia, Belgio, Italia,
Spagna e Svezia, quest’ultima ha in seguito ceduto il proprio posto all’Iran.

  • Il presidente iraniano Ahamdinejad ha di recente trasformato,
    per decreto, in zona franca una parte dell’Arvend e l’isola di Qeshm, presso
    Bandar-e-Abbas al largo dello stretto di Ormuz.
  • Le due aree possono trasformare radicalmente la regione,
    mettendo d’accordo vaari interessi:
  • potrebbe tornare utile a futuri partner esteri, disposti ad
    investire in Iran; la zona franca sarebbe adatta per accogliere le sedi di
    altre attività collettive come un terminale collegato tramite oleodotto al mar
    Caspio, un porto in acque profonde da condividere con l’Irak, un aeroporto
    internazionale e soprattutto i grandi depositi necessari per la ricostruzione
    irachena;
  • l’isola di Qeshm potrebbe dare garanzie di sicurezza simili a
    quelle di Gibilterra.
  • La Francia può insegnare, basta ricordare la formula usata per
    il canale di Suez, che pur essendo territorio egiziano ha uno statuto internazionale
    che ne assicura il libero utilizzo a tutte le nazioni.
  • a 150 anni, il governo iraniano e un consorzio internazionale
    potranno riproporre un’impresa analoga, con il benvenuto a russi ed egiziani.
    La società locale, filiale di Eurodif, pur rimanendo iraniana, dovrebbe essere
    concepita come “compagnia universale”, come lo era originalmente la Compagnia
    universale del canale di Suez; la sua sede sarebbe in Iran, ma con la sede
    amministrativa in Francia come società estera.

Gli Usa
sarebbero favorevoli a questa soluzione che riporterebbe ordine nella regione e
con esso la possibilità di ricostruire l’Irak.

Le Monde                061116

Point de vue
– Le projet iranien qui sauverait la paix

par Xavier Houzel

Téhéran tient les fils d’une immense toile d’araignée
tissée à partir des marches de la Chine jusqu’aux bords de la Méditerranée ; et
l’Iran garde le détroit d’Ormuz, comme Charon le Styx
.

–   
Un scénario de cauchemar serait l’alliance entre
les Gardiens de la révolution iranienne et les éléments les plus radicaux de
l’armée pakistanaise et de l’ISI
(services de renseignement). Que Washington le veuille ou non, le djihad
aurait alors sa bombe.

–   
Ce risque
est une bonne raison pour reconstruire une relation avec l’Iran sur des
fondements de confiance
. Ce pays a traversé assez
d’épreuves en trente ans pour que ses dirigeants puissent faire preuve de
sagesse, ce qu’ils se tuent à vouloir démontrer
. Ils ne sont pas les
seuls, après tout, à tester des missiles sans tête ! Or les Occidentaux persistent
à soupçonner le programme nucléaire iranien de viser à fabriquer la bombe. Soyons
clairs
: le corps du délit est constitué par deux batteries de
centrifugeuses d’un autre âge. C’est comme avec l’Irak et les armes de
destruction massive. Le danger nucléaire iranien sert à la fois d’épouvantail
et d’alibi.

La question est de
savoir pourquoi les Américains se raidissent, dès qu’on leur parle de
l’Iran.

–   
Il y a
certes le souvenir des
otages de leur ambassade à Téhéran, en novembre 1979
.

–   
Il y a aussi le pétrole et le détroit
d’Ormuz
. Mais il y
a surtout le fait que la Perse soit depuis la nuit des temps le lieu d’échange
des idées
, des biens et des services entre l’Est et l’Ouest, et entre le
Nord et le Sud.

–   
Le
carrefour stratégique se situe dans la province iranienne de l’Arvend,
autrement dit le Chatt Al-Arab, partie de l’estuaire commun du Tigre et de
l’Euphrate. C’est aussi le site du plus gros gisement de brut encore intact
(les îles de Majnoun) à cheval sur la frontière avec l’Irak
.

–   
La réalité,
c’est qu’après l’Europe, la Chine, l’Inde et le Brésil, c’est autour de l’Iran
d’émerger de l’histoire et de la géographie, au grand dam du "Nouveau
Monde", qui l’avait oublié.

Il s’agit maintenant
pour les Iraniens de méditer les
célèbres paroles de Renan sur l’Egypte de l’isthme de Suez : "Quand
on a un rôle touchant aux intérêts généraux de l’humanité, on y est toujours
sacrifié. Une terre qui importe à ce point au reste du monde ne saurait
s’appartenir à elle-même : elle est neutralisée au profit de l’humanité, le
principe national y est tué.
(…) L’exploitation rationnelle et
scientifique du monde tournera sans cesse vers cette étrange vallée ses regards
curieux, avides et attentifs."

A ce titre, l’Iran, qui est le
berceau à la fois d’Avicenne et d’Omar Khayyam, n’a pas tort de vouloir préserver l’avenir de la planète en rationnant chez
lui l’usage des hydrocarbures fossiles dont il est dépositaire des réserves
.
On oublie cet aspect exemplaire de l’attitude iranienne sur le nucléaire civil.

–   
C’est dans
cet esprit que l’Iran, qui dispose, sur ses vastes étendues, de gisements
d’uranium, entend inviter un consortium à l’aider à traiter ce minerai sur son
propre territoire. N’oublions pas que Téhéran dispose toujours d’un siège
d’administrateur dans Eurodif (entreprise qui produit à elle seule 25 % de la
consommation mondiale d’uranium enrichi et qui a été créée en 1973 par cinq
pays : France, Belgique, Italie, Espagne et Suède, cette dernière ayant cédé sa
place à l’Iran).

Pour donner à ses
partenaires les garanties objectives qu’ils attendent, il conviendrait que
l’Iran constitue une structure d’accueil convenant à une universalité
d’intérêts étrangers.

–   
Or, en consacrant récemment par
décret comme zone franche internationale
, non seulement une partie de
cette province frontalière et bénie de l’Arvend, mais aussi l’île de Qeshm,
près de Bandar-e-Abbas au large du détroit d’Ormuz, le président Ahmadinejad a
peut-être trouvé la solution au problème.

–   
Par ce
moyen, il pourrait satisfaire
de futurs partenaires étrangers, fournisseurs et clients disposés à investir en
Iran. Ces sites seraient tout à fait indiqués pour abriter de surcroît le siège
d’autres activités à vocation collective. L’Arvend pourrait abriter un terminal
relié par oléoduc à la mer Caspienne, un port en eaux profondes à partager avec
l’Irak, un aéroport international et surtout les immenses entrepôts dont l’Irak
a aussi besoin pour se reconstruire.

–   
L’île de
Qeshm, placée également à l’entrée du golfe Arabo-Persique, donnerait des gages
de sécurité comparables à ceux de Gibraltar. Dans les deux cas, la région se trouverait métamorphosée,
changée de pomme de discorde en havre de paix.

Pour qu’un tel
projet se concrétise, il ne resterait plus qu’à faire preuve de pédagogie. Or la France est toute
désignée pour ce rôle, à partir du moment où l’on songe inévitablement à la
formule de Suez
. Nous sommes en plein génie français. A l’origine, au
milieu du XIXe siècle, le
canal lui-même, s’il fait bien partie du territoire égyptien, est effectivement
doté d’un statut international assurant, au profit de toutes les nations et
sans discrimination entre elles, le libre usage de l’ouvrage
. Ainsi
s’était réalisé le programme dont Mohamed Saïd avait fait part à Napoléon III,
dans une lettre de décembre 1854, au lendemain de leur acte de concession.

Le vice-roi soulignait ce que signifiait pour lui la
qualification d’universelle donnée à la compagnie
: "Pénétré de cette vérité que tous les
hommes sont frères et mû par le désir d’être utile à tous les peuples, j’ai
formé le projet de réunir la Méditerranée à la mer Rouge par un canal de
navigation et de confier l’exécution de cette grande oeuvre à une compagnie
universelle.

J’ose espérer, Sire,
que Votre Majesté dont la haute sollicitude s’étend à toutes les entreprises
qui peuvent contribuer au bien-être de l’humanité daignera donner son
approbation à un projet
dont la réalisation ouvrira un nouveau débouché au commerce et à l’industrie de
toutes les nations d’Europe.
"

–    Cent cinquante ans après, par consentement mutuel des deux parties,
le gouvernement iranien et un consortium international ne pourront pas faire
mieux, ni moins bien, que leurs devanciers de Suez. Les Russes seront les
bienvenus, et même les Egyptiens ! L’acte de concession et les statuts de la
société locale, filiale d’Eurodif, qui lui seraient annexés, donneraient à
cette "compagnie universelle" un statut de société anonyme, mais avec la qualité de société
iranienne, donc avec la même physionomie originale que la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez
. La compagnie aurait son siège en Iran, mais
elle serait constituée en France, où elle aurait son siège administratif et
serait société étrangère.

Nul doute qu’à l’instant même d’un accord de
principe sur un schéma de ce genre, les autorités iraniennes suspendraient
d’elles-mêmes les tests en cours près d’Ispahan
(Natanz). Le
déménagement pourrait commencer dès le lendemain. Gageons que les Américains seraient les premiers à plébisciter
cette solution. Ils savent que la reconstruction de l’Irak ne se fera pas sans
l’ordre régional et l’exemple communicatif du voisin iranien, et qu’autrement
ce ne sera plus seulement la haine et la colère, mais un cataclysme à l’échelon
mondial.

Jamais, depuis cinquante ans, le danger n’a été aussi grand d’une
conflagration, tellement les foyers allumés sont actuellement nombreux dans la
région. Puissent le Congrès américain s’en rendre compte et les diplomates
scribes de New York se raviser à temps !

Article paru dans
l’édition du 17.11.06

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