L'Airbus militare A 400M è decollato

Francia, aeronautica, Ue, militarizzazione
Le Figaro       091211
L’Airbus militare A 400M è decollato
Véronique Guillermard

●    Primo volo di prova per l’A400M – prodotto da Airbus e al 100% militare diversamente dai derivati civili  A330 – che dovrebbe fornire all’Europa una forza di proiezione indipendente per truppe e materiale pesante.

o   Nel 2013 la prima fornitura di 3 apparecchi, 4 nel 2014, 7 nel 2015, e poi 4 l’anno dal 2016.

●    Con  il turbopropulsore A400M, Airbus entra nel mercato degli aerei militari con un apparecchio sofisticato e senza concorrenti.

– I paesi impegnati dal 2003 nel progetto A 400M sono in negoziato per un nuovo contratto con EADS, la casa madre di Airbus, in discussione la suddivisione del costo finanziario, le penalità per i ritardi e il tipo di contratto.

o   L’A 400M è stato lanciato negli anni 1990, per sostituire la flotta obsoleta di 180 Transall franco-tedeschi e Hercule americani, che hanno in media 40 anni. I paesi che partecipano al progetto hanno imposto ad Airbus di scegliere un nuovo motore turbopropulsore di 11 000 cavalli, il maggiore dei paesi occidentali progettato da un consorzio europeo.

o   Londra e Berlino hanno imposto che vengano mantenuti i loro industriali, altrimenti ritirano gli ordini;

o   il contratto è di tipo civile, ogni pezzo o equipaggiamento deve essere certificato dalla difesa ma anche dalle autorità civili per il trasporto aereo; il prezzo è prefissato e previste penalità per i ritardi, diversamente dai contratti militari classici.

o   Il calendario è molto rigido, 6 anni contro i 10 normali per un aereo militare.

o   EADS non può assumersi da sola il sovraccosto di oltre 7 MD su un capitale di €8MD, e Airbus dovrebbe rinunciare al suo programma e non riuscirebbe più a finanziare il suo futuro A350.

o   EADS ha subito pressioni politiche e interne alla sua organizzazione; CASA la componente spagnola di EADS ha preteso di dirigere le attività aeronautiche militari, e di dipendere dalla casa madre, senza il collegamento a Airbus.

– La Francia ha dichiarato che gli ordini che supereranno il bilancio militare previsto saranno rinviati a dopo il 2020.

o   La scorsa primavera il ministro Difesa francese, Hervé Morin, ha spinto i paesi europei ad accettare una prima moratoria per salvare il programma: Rinunciarvi sarebbe un colpo mortale alla futura “Europa della Difesa”.

o   Tutti i paesi clienti hanno accettato e deciso di negoziare con EADS; solo le commesse per 98 apparecchi del Sud Africa sono state ritirate.

– Il ritardo di tre anni della fornitura dell’A 400M ha già fatto lievitare gli investimenti iniziali di €20MD di altri 2,4MD, ma il sovraccosto complessivo  è valutato in €5MD (quanto l’A380), pari ad un aumento del costo per apparecchio  del 40%.

L’A 400M è stato sviluppato dagli spagnoli di Airbus Military, che non aveva le dimensioni per un apparecchio di tale complessità; inoltre l’ingegneristica è a Tolosa. Il presidente di EADS, Gallois, l’ha perciò tolto a Airbus Military e affidato ad Airbus.

Le Figaro        091211

L’Airbus militaire A 400M a décollé

Véronique Guillermard

11/12/2009 | Mise à jour : 10:24 | Commentaires 13 | Ajouter à ma sélection

–   A400M effectue son premier vol d’essai vendredi matin. L’A400M porte l’ambition de l’Europe de se doter d’une force de projection en troupes et matériels lourds indépendante.

–   Enfin. Avec un an et demi de retard sur son calendrier initial, l’Airbus militaire A 400M effectue son premier vol d’essai vendredi matin. L’appareil a décollé à 10h16 de Séville, en Espagne, où l’avionneur assemble ce turbopropulseur révolutionnaire. Ce vol inaugural de 3 heures a été confié à une équipe de six personnes deux pilotes, un britannique et un espagnol ainsi que quatre ingénieurs navigants français. Son commandant de bord est Edward Strongman, ancien de la Royale Air Force.

Réussir ce premier vol qui est homologué et qui donne le coup d’envoi de la campagne de certification, est crucial pour Airbus. «Cela prouvera que ce n’est plus un avion de papier», dit-on chez EADS, maison mère d’Airbus.

–   L’A 400M porte l’ambition de l’Europe de se doter d’une force de projection en troupes et matériels lourds indépendante. L’A 400M doit permettre à Airbus d’entrer par la grande porte sur le marché des avions militaires avec un appareil très sophistiqué et sans concurrent dans le monde qui pourrait prétendre à une belle carrière à l’exportation.

–   Contrairement aux ravitailleurs qui sont des dérivés d’Airbus A 330 civils existants, l’A 400M est un avion 100% militaire et totalement nouveau.

Trois ans de retard sur le calendrier de livraisons

–   En marge de ce premier vol, une nouvelle réunion technique doit se tenir également vendredi à Séville afin de préparer un conseil des ministres de la Défense européens impliqués dans le programme le 15 décembre prochain.

–   Depuis de longs mois, les pays engagés depuis 2003 dans le projet A 400M négocient avec EADS afin de jeter les bases d’un nouveau contrat. Ce dernier aurait dû être signé le jour du premier vol. Mais les négociations sont complexes.

–   L’A 400M accuse trois ans de retard sur son calendrier de livraison initial et ses coûts ont dérivé dangereusement par rapport à l’investissement initial de 20 milliards d’euros. EADS a déjà provisionné 2,4 milliards d’euros dans ses comptes mais le surcoût total est estimé à 5 milliards d’euros (soit autant que l’A 380). Ce qui renchérit de 40% environ le prix unitaire par appareil. Selon un nouveau calendrier encore officieux, Airbus devrait livrer 3 exemplaires en 2013, 4 en 2014 et 7 en 2015 et une moyenne de 4 à partir de 2016.

–   Au cœur des négociations, le partage du fardeau financier, les pénalités de retards et le type de contrat. EADS ne peut seul assumer la totalité des surcoûts, soit plus de 7 milliards d’euros (avec les provisions déjà passées) pour une trésorerie de 8 milliards. Non seulement, Airbus devrait renoncer au programme mais il ne pourrait plus financer son futur long-courrier A 350, ni le renouvellement de sa gamme de moyens courriers de type A 320. Cela, au moment où les reports de livraisons mettent sous tension son cash.

–   La France a déjà fait savoir qu’elle souhaitait que le nouveau contrat soit compatible avec le budget prévu dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2009-2014. « …les commandes qui n’y entreront pas seront reportées et étalées au-delà de 2020 », a déclaré récemment Laurent Collet-Billon, délégué général à l’armement.

Pris en otage par les politiques européens

–   C’est en avril dernier que sous l’impulsion d’Hervé Morin, ministre de la Défense, les pays européens ont décidé d’un premier moratoire afin de sauver le programme. Y renoncer créerait un séisme en Europe en donnant un coup mortel à toute future «Europe de la défense».

–   La Grande-Bretagne avait menacé de se retirer. Finalement fin juillet, tous les pays ont décidé d’ouvrir des négociations avec EADS. Le premier contrat signé en 2003 est caduc. Les pays clients réaffirment leur volonté de voir aboutir le projet. L’A 400M connaitra un désistement: l’Afrique du Sud, un des deux premiers clients export, renonce et annule sa commande de 8 appareils.

–   En réalité, dès le départ, l’A400M a été pris en otage par les politiques européens. Lancé dans les années 90, le projet est ambitieux. Il s’agit de construire un nouvel avion révolutionnaire pour remplacer une flotte vieillissante de 180 Transall franco-allemands et Hercule américains dont la moitié a 40 ans d’âge moyen.

–   L’Europe veut se réapproprier un savoir-faire qu’elle est menacée de perdre. C’est pourquoi, au plus haut niveau politique, les pays imposent à Airbus de choisir un nouveau moteur un turbopropulseur sophistiqué de 11 000 chevaux, le plus gros du monde occidental conçu par un consortium de motoristes européens. Les Etats ne veulent pas de la solution défendue à l’époque par Noël Forgeard et ses équipes: acheter un moteur canadien déjà existant développé par Pratt 1 Whitney qui coûte 20% moins cher.

–   Londres et Berlin exigent que leurs industriels soient retenus. Sinon, ils menacent de ne pas commander l’avion. L’A 400M doit en outre répondre aux attentes de plusieurs armées, c’est un « mouton à cinq pattes ».

–   Autre incongruité, le contrat est de type civil chaque pièce ou équipement doit être certifié non seulement défense mais aussi par les autorités civiles du transport aérien -, et le prix du programme est fixé une fois pour toutes avec des pénalités de retard pour l’industriel contrairement aux contrats militaires classiques.

–   Enfin, le calendrier est extrêmement tendu, 6 ans alors qu’aucun avion militaire n’a été développé en moins de dix ans.

–   A côté de la pression politique, EADS a également subi la «pression» de sa propre organisation. Dès sa création, CASA, la composante espagnole d’EADS a exigé de piloter les activités aéronautiques militaires et ne de dépendre que de la maison-mère alors que la logique aurait voulu qu’elles soient rattachées à Airbus.

«L’avion a été développé par les Espagnols d’Airbus Military qui n’avait pas la dimension industrielle pour intégrer un appareil aussi complexe, et l’ingénierie était à Toulouse», souligne un bon connaisseur du dossier. Louis Gallois, le président d’EADS, a mis le holà à cette organisation inefficace et Airbus Military a été repris en main et placé dans l’orbite d’Airbus.

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