La crisi ridà alle classi medie la speranza di accedere alla proprietà immobiliare
● Il 60% della piccola borghesia, calcolata in 200 mn., è proprietario della propria abitazione.
– Prezzo abitazioni al m2, a Shenzhen, nel 2005 6-8000 yuan (6-800€), nel 2007 era di 25 000 yuan, prezzo sceso nell’autunno 2008 a 15 000 yuan.
– La crisi finanziaria, sgonfiando i prezzi nel mercato immobiliare, consente alla piccola borghesia di avvedere alla proprietà immobiliare. Nascono associazioni di acquirenti per spuntare prezzi inferiori, saltando la mediazione di agenzie.
Shenzhen è la prima zona economica speciale creata nel 1980 da Deng Xiaoping; nel 1980 aveva 30mila abitanti, oggi sono 14 mn.; il PIL era di €17mn, oggi di €67MD.
La crise redonne aux classes moyennes l’espoir d’accéder à la propriété immobilière
LE MONDE | 26.11.08 | 14h50 • Mis à jour le 27.11.08 | 16h15
SHENZHEN (PROVINCE DU GUANGDONG) ENVOYÉ SPÉCIAL
Zou Tao est une sorte de pionnier : à sa manière, cet homme de 35 ans est devenu une référence pour de nombreux représentants de la classe moyenne chinoise. Certains internautes le qualifient même de "héros". En cette période d’incertitude pour la Chine après une longue période de croissance ininterrompue, l’homme n’est pas peu fier de ses succès dans le domaine de l’activisme social : depuis plus de deux ans, son militantisme exercé à partir du moment où les prix de l’immobilier ont commencé à flamber a facilité l’accession à la propriété de milliers de jeunes salariés.
– Devenir propriétaire est, dans la Chine contemporaine, un désir qui n’a fait que croître au fur et à mesure de l’amélioration de la qualité de vie : selon certaines statistiques, 60 % des Chinois d’une classe moyenne évaluée à moins de 200 millions de personnes possèdent leur propre logement. Et des sondages indiquent que 80 % de locataires rêvent de devenir propriétaires…
Aujourd’hui, plus de 50 000 personnes ont rejoint l’association fondée par Zou Tao il y a deux ans. Il suffit aux futurs acheteurs de consulter les deux sites Internet qu’il a créés cette année pour rendre plus aisée la recherche d’appartements abordables dans les villes de Pékin et de Shenzhen. L’inscription est gratuite et, après avoir entré son mot de passe, il suffit de consulter la liste de biens immobiliers disponibles dont la valeur réelle est garantie par l’association de M. Zou. Qui négocie directement les prix avec les promoteurs depuis que le marché immobilier a commencé, cette année, à baisser. Une tendance qui va se poursuivre, vu l’impact de la crise financière sur l’économie chinoise. Avantage aux acheteurs !
– Zou Tao est une figure paradoxale de l’activisme compassionnel : ancien soldat de l’Armée populaire de libération, ex-homme d’affaires enrichi dans le commerce d’accessoires pour golfeurs, c’est la spéculation effrénée dans l’immobilier qui l’a fait agir : "En 2005, le prix du mètre carré était déjà, ici, de 6 000 à 8 000 yuans (600 à 800 euros)", explique-t-il, dans son bureau de Shenzhen, où il réside. La ville, première "zone économique spéciale" créée par Deng Xiaoping en 1980, incarne, tout près de Hongkong, les succès du "modèle" chinois. "En 2007, poursuit-il, les prix avaient grimpé à 25 000 yuans !"
Tao avait attrapé, un peu plus tôt, le dragon par la queue : le 25 avril 2006, il publie sur Internet une pétition appelant les Chinois de la classe moyenne à "boycotter l’achat d’appartements pendant trois ans" et les exhorte à ne pas être "esclaves de (l’achat de leur) foyer". Il recueille aussitôt des dizaines de milliers de signatures.
Cette première initiative fait long feu : ce genre d’appel au boycottage ne fait l’affaire ni des promoteurs ni de leurs amis du Parti communiste, avec lesquels ils entretiennent une relation souvent incestueuse. Les réactions sur son site sont rapidement filtrées par les "pare-feu" de la police chinoise de l’Internet et tout se termine, comme il l’avoue, "dans le silence".
Notre homme ne désarme pas pour autant. Il écrit ensuite une lettre de "200 000 caractères" au premier ministre, Wen Jiabao, pour dénoncer la situation dans le secteur de l’immobilier. Il se rend à Pékin pour essayer de la lui remettre. Il en est empêché.
– Mais il soutient que c’est grâce à lui que certaines mesures ont été prises récemment pour décourager la spéculation. "Désormais, pour l’achat d’une deuxième résidence, il faut apporter 40 % du prix total et payer des taux d’intérêt de 11 %. La mesure a permis de décourager tous ceux qui achetaient un complexe de 300 appartements et revendaient le tout en faisant d’énormes bénéfices !"
Il précise : "Le mètre carré est descendu, cet automne, en ville, aux alentours de 15 000 yuans. Même si l’on n’assiste pas à des achats massifs, car les prix restent encore élevés, la crise financière et ses conséquences sur le marché peuvent être, à terme, en Chine, une bonne nouvelle pour l’accession à la propriété de la classe moyenne… Le dégonflement de la bulle fait que les acheteurs sont redevenus de "vrais" acheteurs, et non des spéculateurs !"
La nouvelle stratégie de Zou Tao est de rassembler des groupes d’acheteurs putatifs afin que ces derniers soient en position plus favorable pour négocier à la baisse. Ce qui lui vaut d’être la cible de l’irritation, voire de la franche colère des promoteurs et de leurs hommes de main. "Je reçois des coups de téléphone de menaces, des types m’abordent dans la rue et me disent : "On aura ta peau !"", confie-t-il. Mais Tao est sûr de son combat. Et du soutien dont il jouit dans la classe moyenne.
Zheng Yanxi, la trentaine, secrétaire de direction dans une entreprise de sous-traitance en informatique, a toutes les raisons de louer ce genre d’activisme social. Attablée dans un café de Shenzhen, elle vient juste de signer la promesse de vente de son appartement. La semaine passée, grâce à l’association de Zou Tao, elle a payé 500 000 yuans un logement de 80 m2. Parce que notre militant des droits du propriétaire a négocié le prix avec le promoteur et évité les frais d’agence, elle a économisé 46 000 yuans. "Nous entrons dans une période d’instabilité. Posséder notre résidence était une priorité pour mon mari et moi. On aurait pu attendre que les prix baissent encore, mais on a décidé d’acheter au plus vite. Quand on ne sait pas ce que l’avenir réserve, il faut se donner les moyens de faire face", explique la jeune femme, mère d’un enfant d’1 an.
Son époux est directeur des relations humaines dans une entreprise de haute technologie. Ils gagnent à eux deux l’équivalent de 1 500 euros par mois, un salaire confortable. Leur appartement, ils l’ont acheté à crédit en versant 20 % d’apport initial. En dépit de ses craintes sur l’avenir, elle est confiante dans le dynamisme de Shenzhen : "Cette zone va devenir de manière croissante une plate-forme industrielle fabriquant des produits à plus forte valeur ajoutée ; elle tiendra le choc !", se rassure-t-elle.
– En trente ans, cette "zone", qui était un village, s’est transformée en une cité hérissée de gratte-ciel. Il y avait 30 000 habitants en 1980 ; il y en a 14 millions aujourd’hui. Il y avait, à l’époque, 8 hôtels ; il y en a 500. Le PNB local était de 17 millions d’euros. Il a atteint 67 milliards d’euros…
Article paru dans l’édition du 27.11.08