Le Monde 080219
Inchiesta – Kosovo : una lunga lotta fino all’indipendenza
1878, Lega di Prizren fautrice dell’unificazione amministrativa delle terre albanesi;
1974, richiesta respinta di trasformazione della Serbia in Repubblica;
1981, manifestazioni studentesche, presto caratterizzate dalla rivendicazione politica dello statuto di repubblica per il Kosovo; segue una brutale repressione poliziesca, con 400 vittime secondo Amnesty International, 1000 secondo gli albanesi.
Da questo momento continuerà il movimento nazionalista clandestino albanese e la repressione poliziesca, accentuata con Milosevic.
Represse nel sangue anche gli scioperi dei minatori albanesi di Trepca, nel gennaio 1989, seguite da manifestazioni; lo choc raggiunge le altre repubbliche iugoslave.
Milosevic annulla l’autonomia del Kosovo il 23 febbraio 1989;
191-1995, s’incendiano Slovenia, Croazia, e poi Bosnia-Herzegovina; il Kosovo sprofonda in un regime di “apartheid”.
Emerge Ibraihim Rugova (1944-2006), nel 1989 presidente della Lega democratica del Kosovo (LDK) che domina la vita politica albanese nel decennio 1990;
7 settembre 1999 è dichiarata l’indipendenza della «Republica del Kosovë nel quadro della Federazione iugoslava», la LDK cerca di costruire una società parallela.
1995, accordi di Dayton, termina la guerra di Bosnia, 4 delle 6 repubbliche iugoslave divengono indipendenti.
28 novembre 1997, la prima apparizione pubblica dell’Esercito di Liberazione del Kosovo (UCK) è una sconfitta per la LDK.
Occupa vaste aree del Kosovo, scatena la reazione serba, che respinge UCK, distrugge interi villaggi.
Mobilitazione NATO …
Le forze serbe hanno ucciso circa 10000 kosovari albanesi durante la guerra, ne hanno espulso quasi 1 milione nei paesi confinanti.
Alla caduta di Milosevic, rappresaglia degli kosovari albanesi contro i kosovari serbi, cacciati a decine di migliaia dal Kosovo.
– Il 17 febbraio 2008, il Kosovo dichiara la propria indipendenza al di fuori del quadro ONU.
Le Monde 080219
Enquête – Kosovo : une longue lutte jusqu’à l’indépendance
LE MONDE | 18.02.08 | 15h05 • Mis à jour le 18.02.08 | 15h05
A quand remonte la lutte pour l’indépendance des Albanais du Kosovo ?
– A 1878, lorsque la Ligue de Prizren prôna l’unification administrative des terres albanaises ? A 1974, lorsque s’affirmèrent les voix demandant en vain que la province de Serbie soit élevée au rang de République dans la Yougoslavie de Tito ? A moins que le déclencheur ne remonte aux manifestations étudiantes du printemps 1981 ?
– Catégoriel à l’origine, le mouvement de 1981 avait pris une tournure politique axée sur la revendication du statut de République. La répression policière fut brutale : 11 morts selon Belgrade, 400 d’après Amnesty International, plus de 1 000 selon les Albanais. "Le traumatisme fut énorme", note Jean-Arnault Dérens dans Le Piège du Kosovo (Editions Non Lieu, 2008). "Pour les Albanais (…), l’Etat yougoslave a perdu sa légitimité en raison de la violence qu’il a déployée, et devient un ennemi, une puissance occupante", souligne-t-il.
– Ni le militantisme clandestin de la cause nationale albanaise, ni la réaction policière, qui s’accentue nettement après l’accession de Slobodan Milosevic au pouvoir en Serbie à la fin des années 1980, ne s’arrêteront plus.
– Les grèves des mineurs albanais de Trepca en janvier 1989, suivies de manifestations, sont elles aussi réprimées dans le sang. L’onde de choc atteint les autres républiques yougoslaves.
L’homme fort de Belgrade a compris le profit à tirer, politiquement, du mécontentement des 10 % de Kosovars serbes, persuadés que les Albanais cherchent à les chasser. Deux nationalismes s’affrontent.
– Pourtant, après l’annulation de l’autonomie du Kosovo par M. Milosevic, le 23 février 1989, ce sont la Slovénie, la Croatie, puis la Bosnie-Herzégovine qui s’embrasent (1991-1995). Le Kosovo, lui, s’enfonce dans ce que les Albanais décrivent comme un "régime d’apartheid".
Un homme émerge alors, symbole de la lutte indépendantiste : Ibrahim Rugova (1944-2006). Ce pacifiste devient en 1989 président de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), et domine la vie politique albanaise durant la décennie 1990. L’indépendance de la "République de Kosovë (…) dans le cadre de la Fédération yougoslave" est déclarée le 7 septembre 1990, et la LDK s’emploie à construire une société parallèle.
TRAGIQUE BILAN
Après les accords de Dayton (1995), qui mettent un terme à la guerre de Bosnie, quatre des six ex-républiques yougoslaves sont indépendantes, tandis que le Kosovo reste sous la botte de Belgrade. La frustration monte chez les jeunes Kosovars albanais.
– La première apparition publique, le 28 novembre 1997, de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), est un échec pour la LDK. L’UCK s’enhardit l’année suivante, "libère" des zones entières du Kosovo.
– La réaction serbe est immédiate. Au nom de la lutte contre le "terrorisme", des villages sont détruits, des populations civiles jetées sur les routes. Cette escalade mobilise la communauté internationale.
– Le 24 mars 1999, après l’échec du sommet de Rambouillet, l’OTAN commence à bombarder la Serbie. Le 9 juin, Slobodan Milosevic jette l’éponge.
– Le bilan est tragique. Les forces serbes ont, pendant la guerre de l’OTAN, tué environ 10 000 Kosovars albanais, et en ont expulsé près d’un million dans les pays voisins. L’armée serbe quitte la province en laissant 400 charniers derrière elle. Une administration onusienne – la Minuk – est chargée de gérer le Kosovo meurtri, où l’UCK parade.
– Quinze mois plus tard, Slobodan Milosevic perd le pouvoir à Belgrade, au profit d’une coalition démocratique qui rompt avec les violences passées mais n’accepte pas pour autant la perte du Kosovo. D’autant que le souffle de la vengeance albanaise s’est abattu sur les Kosovars serbes, chassés par dizaines de milliers hors du Kosovo.
La résolution 1244 de l’ONU de juin 1999 avait doté le Kosovo d’une "autonomie substantielle" au sein de la Serbie. C’était trop peu pour les Albanais, qui pensaient que la capitulation serbe signifiait l’indépendance. Huit ans plus tard, après une ultime tentative de médiation de l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari, qui constate l’incompatibilité des positions serbe – "plus que l’autonomie mais moins que l’indépendance" – et albanaise, l’heure est venue. Soutenu par les Etats-Unis et une majorité d’Etats européens, le Kosovo déclare, le 17 février, hors du cadre de l’ONU, son indépendance.
Christophe Châtelot
Article paru dans l’édition du 19.02.08