Etnie, fazioni,
Irak
Le Monde 061024
Patrice Claude (avec
Hocham Dawod)
Inchiesta – Gli sciiti nel mondo : una carta in mano
all’Iran?
Tesi Le Monde:
–
L’identità religiosa non è una garanzia di unità
del mondo sciita in appoggio a Teheran; inoltre le varie confessioni sciite hanno
poco in comune; in politica estera Teheran stessa agisce secondo i propri interessi
di Stato, e non appoggia indiscriminatamente le minoranze sciite in altri paesi.
–
Da ricordare la guerra degli sciiti iracheni condotta
da Saddam contro l’Iran,
–
e per la Palestina l’appoggio iraniano alla Jiad
islamica e ad Hamas, prossimo all’integralismo sunnita.
————————-
In caso si attacco militare, come reagirebbe l’Iran?
–
Potrebbe contare sull’appoggio 216 milioni di
correligionari dispersi nel mondo musulmano, (tranne il Maghreb) fino all’Europa
e agli USA dove vivono seguaci del “partito di Ali” – dal nome del genero di Maometto,
figura tutelare degli sciiti – provenienti da Irak, Iran, Afghanistan, Pakistan,
Libano?
–
Il
modo sciita è lungi dall’essere omogeneo: i duodecimani[1]
costituiscono l’80% degli sciiti, e sono la maggioranza in Iran, Irak e Turchia,
e attendono il “ritorno del Madhi”, i 12° imam. Si calcola che 62/70 mn. di iraniani
siano sciiti.
–
I drusi del Libano e gli alaouiti di Siria riconoscono
solo 10 imam; i zeyditi dello Yemen 5; gli israeliti d’India e Pakistan 7.
–
Non esiste una “geo-politica sciita”; la
rivoluzione iraniana del 1979 non si è mai proposta come rivoluzione sciita, il
messaggio khomeinista era anzitutto panislamico, come torna ad essere sotto la
presidenza di Ahmadinejad. Queste correnti non sono accomunate né dal dogma, né
dalla pratica religiosa, e neppure si identificano con il clero dominate in Iran;
tutte rifiutano i sunniti.
–
In politica estera l’Iran non agisce non in
quanto centro religioso, ma pragmaticamente, come Stato;
ad es:
–
l’Azerbaijan
è controllato da secoli dagli sciiti azeri, ma nel suo scontro con l’Armenia
cristiana Teheran ha sostenuto quest’ultima, a fianco di Mosca.
–
L’Iran non ha mai aiutato in modo significativo la
minoranza sciita hazara dell’Afghanistan,
da decenni sottomessa al giogo della maggioranza sunnita fondamentalista dei
pashtun.
–
Al contrario la Palestina, che non ha sciiti, vede Teheran come proprio
paladino, e principale sostegno dei gruppi armati Hamas e della Jihad islamica,
entrambi molto vicini all’integralismo sunnita.
–
La strategia iranina consisterebbe nella fusione
di due logiche:
–
quella del “fronte del rifiuto” che, sciita o sunnita,
respinge Israele, gli USA e in generale l’Occiente,
–
e quella dell’“asse sciita”, che consiste nell’appoggio
alle rivendicazioni egalitarie delle minoranze sciite oppresse.
–
Una strategia che funzionerebbe e che avrebbe
ribaltato completamente la percezione che dell’Iran hanno i paesi del Golfo, l’unico
regime islamico che ancora osi sfidare gli USA.
–
L’Hezbollah libanese incarna al meglio la
fusione delle logiche politiche e identitarie ricercata dall’Iran; Nasrallah è
divenuto grazie ala sua “vittoria” contro l’offensiva israeliana l’eroe del
mondo arabo, sciita e sunnita.
–
Contrariamente a quanto sostenuto dal raïs egiziano
Mubarak secondo cui la fedeltà degli sciiti è prima di tutto verso Teheran, occorre
però ricordare che negli otto anni di guerra Iran-Irak, gli sciiti iracheni
hanno combattuto contro l’Iran sciita attaccato da Hussein.
Una quarta guerra del Golfo in 25 anni, sarebbe molto
diversa dalle precedenti (1980-1988, Iran-Irak; Tempesta del deserto 1991,
invasione dell’Irak, 2003), per varie ragioni, soprattutto relative ai
rivolgimenti nella regione causati dai precedenti conflitti.
Secondo l’americano Time:
Teheran «potrebbe organizzare velocemente un forte aumento
del numero e dell’intensità degli attacchi contro i 160 000 soldati
americani» dispiegati alle sue frontiere (qualche migliaio in Turchia, Arabia
Saudita e paesi del Golfo, 12 000 in Afghanistan, e 141 000 in Irak).
Un dato inconfutabile: gli interventi militari americani nei
due ultimi paesi hanno liberato l’Iran di due nemici irriducibili, il regime
talebano (2001) e Saddam Hussein (2003); ed hanno “liberato” comunità sciite
prima tenute sotto il tallone di ferro dei due regimi; le conseguenze di tali rivolgimenti
non si sono ancora dispiegate del tutto.
Per la prima volta da secoli, l’Irak, uno dei maggiori paesi
arabi, è governato da partiti sciiti sponsorizzati da Teheran…
[1]
Col termine Duodecimani (dei 12 Imam) viene chiamata la maggioranza sciita che
crede nella legittima successione di dodici Imam, a partire da ʿAlī ibn Abī
Tālib, quarto califfo musulmano fino all’ultimo, Muhammad al-Mahdī. Un termine
parimenti usato è quello di Imamiti o, sotto il profilo giurisprudenziale, di
Giafariti mentre in arabo il termine spesso impiegato è ithnā ʿashariyya, visto
che il numero "dodici" viene reso dalla parola ithnāʿashara.
Le Monde 061024
Patrice Claude (avec
Hocham Dawod)
Enquête – Les chiites dans le monde : une carte aux mains de l’Iran ?
Les stratèges du
Pentagone y travaillent : les cibles potentielles en Iran ont été triées par
ordre de priorité stratégique ; des plans de blocus maritime sont mis à jour.
Simples gesticulations préélectorales ? Ou George Bush, commandant en chef de la
première armée du monde, s’apprête-t-il à déclencher la troisième guerre de sa
présidence ?
– Les
experts sont partagés, mais beaucoup estiment que l’affrontement
entre l’"hyperpuissance" et la théocratie iranienne, soupçonnée de
vouloir se doter de l’arme nucléaire, est inévitable. A court ou moyen terme…
–
Si
tel était le cas, comment la
République islamique réagirait-elle ? Pourra-t-elle compter sur le soutien du
"monde musulman", et d’abord sur les 216 millions d’âmes qui adhèrent
au "parti d’Ali"( chi’at Ali), du nom du gendre du Prophète,
figure tutélaire du chiisme ?
–
A ce
jour, il n’y a qu’une certitude : pour de multiples raisons, qui tiennent surtout aux
bouleversements régionaux induits par les trois conflits précédents, une
quatrième guerre du Golfe en vingt-cinq ans – après celle entre l’Iran et
l’Irak (1980-1988), la "Tempête du désert" de 1991 et l’invasion de
l’Irak en 2003 – serait très différente des précédentes.
Parmi les ripostes et représailles qu’il pourrait mettre en oeuvre, expliquait le 25
septembre le magazine
américain Time,
–
Téhéran "pourrait très vite orchestrer une
dramatique augmentation du nombre et de l’intensité des attaques contre les 160
000 soldats américains" déployés à ses frontières (quelques milliers
en Turquie, en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe, 12 000 en Afghanistan
et 141 000 en Irak). C’est
une donnée stratégique incontournable : les interventions armées américaines
dans ces deux derniers pays ont débarrassé l’Iran de deux de ses ennemis irréductibles,
le régime taliban (en 2001) et celui de Saddam Hussein (en 2003). Les conséquences de ces
bouleversements géostratégiques n’ont pas encore produit tous leurs effets.
Ainsi, la guerre américaine a clairement
"libéré" dans ces deux pays des communautés chiites jusque-là
maintenues sous la botte islamiste sunnite et celle d’un régime autoritaire
nationaliste laïque. Ces communautés pratiquent un islam jugé
"hérétique" par les fondamentalistes sunnites – à commencer par
ceux d’Al-Qaida, qui ont, paradoxalement, via leurs actions terroristes et les
ripostes qu’elles ont déclenchées, renforcé la main iranienne. Aujourd’hui,
pour la première fois depuis
des siècles, l’un des
principaux pays arabes, l’Irak, est dirigé par des partis chiites qui,
tous, y compris les moins religieux, ont un, voire deux "parrains" à Téhéran.
–
Les Américains accusent régulièrement l’Iran de
soutenir les milices qui obéissent à ces factions très actives dans
l’affrontement contre les sunnites, et même d’équiper les
"terroristes" sunnites, qui massacrent pourtant allègrement des chiites ! Pour maintenir le chaos et ainsi
"fixer" les soldats américains sur le terrain ? "Ce n’est pas
impossible", estime Olivier Roy, l’un des meilleurs experts de l’Iran
actuel.
–
En cas de guerre avec les Etats-Unis, Téhéran,
capitale de la première "puissance chiite" du monde, avec 62 millions
d’adeptes (sur 70 millions
d’habitants), pourrait-elle
compter sur le soutien de ses coreligionnaires dispersés dans l’ensemble du
monde musulman – hormis au Maghreb – et jusqu’en Europe et même aux Etats-Unis, où vivent des
"partisans d’Ali" issus
d’Irak, d’Iran, d’Afghanistan, du Pakistan, du Liban ou d’ailleurs ?
"Attention aux
effets d’optique !, prévient Laurence Louer, chercheuse au CERI et spécialiste
de la question.
–
Le
monde chiite est loin d’être homogène." Les duodécimains
constituent 80 % du chiisme. Ils sont majoritaires en Iran, en Irak, en Turquie
et attendent le "retour du Mahdi", le douzième imam.
–
Les
druzes du Liban et les
alaouites de Syrie ne retiennent que dix imams. Les zeydites du
Yémen cinq et les ismaéliens d’Inde et du Pakistan n’en
reconnaissent que sept.
–
Entre
ceux-là, il n’y a, hormis le rejet sunnite rencontré par tous, que peu en
commun : ni dans le dogme, ni dans la pratique religieuse, ni, bien sûr, dans
le degré d’identification au clergé gouvernant à Téhéran.
–
"Il
n’y a pas de géopolitique chiite", affirment tous ceux qui ont
travaillé le dossier. D’ailleurs, la révolution iranienne de 1979 "ne s’est jamais posée en révolution
chiite", précise Mme Louer. Le message khomeyniste était
"d’abord et avant tout panislamique". Et, sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, il le
redevient fortement.
–
En politique étrangère, l’Iran "agit toujours
avec un certain pragmatisme, en tant qu’Etat, et non en tant que centre
religieux", ajoute la
chercheuse.
–
Ainsi
l’Azerbaïdjan peut-il être
dominé depuis des siècles par les chiites azéris. Mais, dans son
affrontement avec l’Arménie chrétienne, c’est cette dernière que Téhéran
soutient, aux côtés de Moscou.
–
Ainsi
la minorité chiite hazara
d’Afghanistan est-elle soumise depuis des décennies au joug de la majorité sunnite rigoriste des
Pachtounes, mais "jamais
l’Iran ne lui a fourni assez d’armes ni de matériel pour constituer une
vraie force politique dans ce pays", constate M. Roy.
–
A l’inverse, en Palestine, vide de chiites, Téhéran
est devenu récemment le champion de sa cause et le principal soutien des groupes armés du
Hamas et du Djihad islamique, pourtant très proches, tous deux… de
l’intégrisme sunnite.
–
La stratégie iranienne, selon Olivier Roy, consiste à "fusionner deux logiques :
celle du "front du refus" qui, chiite ou sunnite, rejette Israël,
l’Amérique et plus généralement l’Occident ;
–
et celle de l’"axe chiite",
qui consiste, partout où c’est faisable, à favoriser les revendications égalitaristes des minorités chiites
opprimées". Et "cela marche !", constate Laurence Louer.
"On assiste à un
retournement complet de la manière dont l’Iran est perçu" par son
environnement. Pour les experts, c’est désormais un fait acquis : l’Iran
va devenir "la" puissance dominante dans le Golfe. "Partout,
les régimes autoritaires, sunnites, prennent peur. Presque partout, la "rue arabe"
s’enthousiasme pour "le seul régime islamique qui ose encore défier
l’Amérique"."
– Nulle part la fusion des
logiques politiques et identitaires voulue par l’Iran ne s’incarne mieux que
dans le Hezbollah libanais, constitué en 1982 avec
l’aide des Pasdarans (Gardiens de la révolution) iraniens. Après sa "victoire" face à
l’offensive israélienne de juillet, Ha, una specie di nuovo Nasser.ssan Nasrallah,
son chef, est devenu le "héros" du monde arabe, chiite comme sunnite.
On a vu, dans les rues du Caire, de Gaza, de Damas et
même de Riyad, des pancartes glorifiant ce religieux chiite comme le
"nouveau Nasser".
Seuls les dirigeants
sunnites étroitement associés aux Etats-Unis et/ou dépendants d’eux, et qui
n’ont pratiquement pas de chiites sur leur territoire, osent encore émettre
publiquement leurs inquiétudes. Le roi Abdallah de Jordanie, qui s’est ému dès 2004 de la construction
d’un "arc chiite", sait que sa très sunnite dynastie, qui revendique
toujours la possession de La Mecque, pourrait se retrouver en position
inconfortable. Idem
pour le raïs égyptien, Hosni Moubarak, qui a déclaré cette année, au
grand dam du gouvernement irakien, que l’allégeance des chiites "va
d’abord à Téhéran".
L’histoire – et
d’abord les centaines de
milliers de soldats chiites irakiens, qui constituaient 70 % de la troupe et
qui se sont loyalement battus pour leur pays pendant huit ans contre l’Iran
chiite attaqué par Saddam Hussein – tend à démontrer la fausseté de
l’affirmation égyptienne. Mais "que voulez vous que fassent (ces
dirigeants), s’interroge Olivier Roy. Ils ont peur…".
Article paru dans l’édition du 25.10.06