Le Figaro 080301/03
Il “successo eccezionale” di EADS su Boeing/ Louis Gallois : «Siamo divenuti un buon cittadino americano»
● Il consorzio europeo dell’aerospaziale EADS (gruppo a cui appartiene Airbus) in alleanza con l’americano Northorp Grumman ha ottenuto dal Pentagono la commessa per 179 aerei da rifornimento, valore $35MD, vincendo la concorrenza di Boeing,
● secondo fornitore del Pentagono dopo Lochkeed Martin, che nel 2003 si era visto annullare per frode la commessa che gli era già stata assegnata.
● L’attuale candidato alla presidenza americana, il repubblicano John McCain, aveva denunciato la connivenza tra Pentagono e Boeing.
L’attuale contratto con Eads-Northrop Grumman è uno dei maggiori finora sottoscritti dal Pentagono, la prima tranche di un mercato valutato in oltre $100Md su 30 anni, e considerato come molto protezionista.
– Intervista al presidente esecutivo di EADS, il francese Louis Gallois:
● Diversi gli elementi che hanno portato il Pentagono a preferire l’A330:
o Qualità del prodotto che ha vinto le ultime 4 aste internazionali, di recente in Arabia Saudita ed Emirati;
o Il partner Northrop Grumman, che è alla testa del progetto ed ha insegnato come muoversi per un’asta della Difesa negli USA;
o EADS si è dimostrato “buon cittadino” americano: verranno creati 25 000 posti di lavoro negli USA, subappalti inclusi, + uno stabilimento di assemblaggio nuovo in Alabama, per le due versioni dell’A330 (rifornimento e merci).
o Il clima politico tra Francia e USA è divenuto più favorevole.
– Il dollaro debole darà una mano, ma l’assemblaggio rappresenta solo il 6-7% del valore aggiunto. Gli USA rientrano nel progetto strategico EADS che prevede per il 2020 la nostra presenza nel settore Difesa americano.
– A parte l’assemblaggio negli USA, i vari pezzi saranno costruiti in Europa:
o Le ali a Filton, GB; il troncone centrale a Saint Nazaire, il muso a Méaulte Francia, la fusoliera a Nordham, Germania, la coda in Spagna.
Il progetto di ristrutturazione Power8 sarà mantenuto: riduzione nella struttura del gruppo, assunzioni per al produzione, nel complesso saranno mantenuti i circa 400 posti di lavoro
Le Figaro 080301
Le «succès exceptionnel» d’EADS sur Boeing
J.C. (lefigaro.fr) avec AFP
01/03/2008 | Mise à jour : 13:14 | Commentaires 114
Un KC-30 ravitaillant un B-2. (AFP)
– Pour 35 milliards de dollars, le consortium européen fournira 179 avions ravitailleurs à l’armée de l’Air américaine. Un sérieux revers pour son rival qui réclame des explications.
A la surprise générale, le Pentagone a finalement choisi vendredi le consortium européen, maison-mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman, pour la modernisation de la flotte d’avions ravitailleurs de l’armée de l’Air, au détriment de son rival Boeing.
L’octroi de ce méga-contrat, qui porte sur 179 appareils pour quelque 35 milliards de dollars, est un revers majeur pour l’avionneur américain, qui avait remporté la commande en 2003 avant de la voir annulée, après que des fraudes eurent été révélées.
C’est également un triomphe sans précédent pour l’Européen EADS qui s’impose enfin sur le plus grand marché militaire du monde, réputé très protectionniste, et où il n’avait jusqu’alors remporté que de maigres victoires.
– L’équipe Northrop Grumann/EADS «avait clairement la meilleure offre pour le gouvernement», a fait savoir l’armée de l’Air américaine. «Plus de passagers, plus de cargo, plus de carburant transporté, plus de flexibilité», a renchéri le responsable de la logistique aérienne, le général Arthur Lichte, qui table sur un premier vol du nouveau ravitailleur en 2013. Ces «stations-service volantes» datent pour certaine de l’ère Eisenhower.
Il s’agit de l’un des plus gros contrats alloués par le Pentagone, et la première tranche d’un marché d’une valeur totale estimée à plus de 100 milliards de dollars sur 30 ans.
Vieux conflits d’intérêt
Cette commande est un «grand sujet de fierté», «un succès exceptionnel» pour EADS, qui «l’encourage à poursuivre sa stratégie aux Etats-Unis», a réagi son président exécutif, Louis Gallois. Nicolas Sarkozy s’est félicité de ce «succès historique» et «a téléphoné à Louis Gallois pour rendre hommage à ce succès historique qui consacre le savoir-faire d’exception de l’entreprise européenne dans le domaine de l’aéronautique, tant civile que de défense», indique un communiqué de l’Elysée.
– Boeing, deuxième fournisseur du Pentagone après Lochkeed Martin et donné jusqu’ici favori, s’est dit «très déçu» et n’a pas exclu de protester auprès du Government accountability office, l’équivalent de la Cour des comptes. «Lorsque nous aurons vu les détails de l’attribution du contrat nous prendrons une décision», a indiqué le groupe.
«Cette compétition n’a pas été biaisée, nous avons été très ouverts et transparents», s’est défendue l’US Air Force.
– En 2003, l’armée de l’Air américaine avait déjà attribué un contrat de location-vente à Boeing pour ses ravitailleurs, finalement annulé après la découverte de conflits d’intérêt qui ont valu la prison à deux responsables de l’avionneur, et poussé le secrétaire à l’Armée de l’air américaine de l’époque à la démission.
John McCain, sénateur de l’Arizona et actuel candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de novembre, avait à l’époque activement dénoncé la connivence entre le Pentagone et Boeing dans cette affaire. Le contrat avait ensuite été remis en jeu.
Le Figaro 080303
Louis Gallois : «Nous sommes devenus un bon citoyen américain»
Propos recueillis parV. Gd
03/03/2008 | Mise à jour : 06:52 | Commentaires 1
«Les 179 avions que nous allons livrer à l’armée de l’air américaine sont un soutien remarquable à la montée en cadence de l’A330», explique Louis Gallois. Crédits photo : Le Figaro
Louis Gallois, le président exécutif d’EADS, détaille les enjeux du contrat.
LE FIGARO. Airbus a remporté un contrat historique auprès du Pentagone. Quelle a été votre réaction à chaud ?
Louis GALLOIS. J’ai ressenti beaucoup d’émotion ainsi qu’une grande fierté pour EADS, Airbus, toutes les équipes qui ont bien travaillé pour que nous obtenions ce contrat. La boîte montre qu’elle est capable du meilleur.
Certains estimaient à moins de 5% ses chances de gagner face à Boeing, l’archifavori. Avez-vous été surpris ?
Pour ma part, j’estimais les chances de l’emporter à deux tiers pour Boeing et un tiers pour nous. Nous avons gagné car nous avons proposé un très bon produit, la version militaire de l’Airbus A 330.
C’est le produit qui a fait la différence ?
– Plusieurs éléments ont pesé dans la décision du Pentagone. D’abord, la qualité du produit qui a gagné les quatre derniers appels d’offres dans le monde, récemment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont choisi notre avion. Le Pentagone a noté l’Airbus A330 selon différents critères et nos notes étaient bonnes.
– Ensuite, nous avons un bon partenaire : Northrop Grumman, qui est le maître d’œuvre du projet, a très bien mené son affaire. Nous avons beaucoup appris à leurs côtés sur la façon de répondre à un appel d’offres aux États-Unis dans la défense.
– Ensuite, nous avons pu démontrer que nous étions un bon citoyen américain en créant de l’emploi : le contrat va générer 25000 emplois aux États-Unis, sous-traitance incluse. Et nous allons construire une usine d’assemblage, à Mobile en Alabama, pour assembler le ravitailleur mais aussi la version fret de l’A330.
– Enfin, le climat politique entre la France et les États-Unis est devenu plus favorable. Ces bonnes relations ont créé de la confiance et ont permis que nous soyons traités de façon équitable.
L’usine américaine répond-elle au besoin d’Airbus de contrebalancer l’impact du dollar faible ?
– Nous n’installons pas cette usine aux États-Unis en raison du dollar faible. Elle va nous aider un peu mais l’assemblage ne représente qu’entre 6 et 7% de la valeur ajoutée d’un avion. En revanche, ce site s’inscrit dans la vision 2020, notre plan stratégique, qui prévoit qu’à cette échéance nous soyons présents aux États-Unis dans la défense. C’est une étape majeure.
Ce contrat va-t-il avoir un impact négatif sur l’activité des usines européennes comme le craignent les salariés ?
– C’est tout le contraire ! J’entends dire que nous prenons du travail en Europe pour le donner aux États-Unis. Ce n’est pas cela. Nous construisons une chaîne d’assemblage mais toutes les pièces de l’avion seront produites en Europe les ailes à Filton en Angleterre, le tronçon central à Saint-Nazaire et le nez de l’avion à Méaulte en France, le fuselage à Nordenham en Allemagne, la queue de l’appareil en Espagne. Les 179 avions que nous allons livrer à l’armée de l’air américaine sont au contraire un soutien remarquable à la montée en cadence de l’A 330. Il s’agit d’une charge de travail supplémentaire pour les usines européennes.
Ce contrat va-t-il changer la donne du plan d’économies Power8 ?
Non, il ne change rien à Power8. Nous réduisons les emplois de structure et nous allons continuer dans cette voie. Parallèlement, nous embauchons dans les postes de production. Compte tenu de ces deux mouvements, en 2007, EADS a conservé le même nombre d’emplois à 400 postes près.
Craignez-vous un recours de Boeing qui remette en cause le contrat ?
Aux États-Unis, il est habituel qu’après un appel d’offres, il y ait des procédures. Je ne connais pas les raisons qui pousseraient Boeing à engager un recours. La négociation a été menée de façon professionnelle et équitable. Nous avons joué nos atouts et avons gagné.