GDF Suez, un colosso fragile

Le Monde       080721
Analisi – GDF Suez, un colosso fragile
Jean-Michel Bezat
Le Figaro       080716/17
GDF Suez nasce infine nel panorama energetico, Frédéric de Monicault

●    Il nuovo gruppo francese dell’energia creato dalla fusione di Gaz de France (GDF) e Suez, è ora in grado di competere con gli altri due colossi europei dell’elettricità, il francese EDF e il tedesco E.on;

●    GDF Suez ha un significato industriale nel settore energetico, in fase di concentrazione ed affamato di capitali: l’italiano Enel sta per acquisire lo spagnolo Endesa; il tedesco E.on ha acquisito il controllo dei principali asset di Endesa fuori dalla penisola iberica; EDF continua a puntare su British Energy.

o   Sarà diretto da Gérard Mestrallet, finora capo di Suez; Jean-François Cirelli, ex capo di GDF, sarà il n.2;

o   GDF Suez ha un fatturato complessivo di circa €75M. (contro i €67 M. di Gazprom e i €59,6 M. di EDF); un valore di Borsa di oltre €93 M.

●    La Francia ha già 4 gruppi dell’energia di taglia internazionale: Total (4° maggior gruppo petrolifero), EDF (primo produttore europeo dell’elettricità), Areva (unico gruppo del nucleare in grado di controllare l’intera catena dell’atomo civile), e Alstom (30% delle turbine di centrali in funzione nel mondo);

●    GDF Suez, è ora il primo acquirente di gas in Europa, con 100M. m3/anno, pari al consumo tedesco; la diversificazione del suo portafoglio nel gas (il 90% delle sue forniture vengono dall’estero: Russia, Algeria, Norvegia, Indonesia, Yemen, Egitto, Nigeria, Golfo del Messico) consente alla Francia la sicurezza dei rifornimenti; Ha contribuito con €30M. per il 2008-2010 agli investimenti per assicurare il rifornimento energetico in Europa; è stato valutato da Capgemini in €700M. entro il 2030.

o   Una delle maggiori sfide il rilancio del nucleare, per il quale il gruppo ha grande competenza, grazie il parco di reattori di Suez in Belgio.

●    EDF e GDF Suez hanno gran parte del mercato francese dei privati: 29,5 mn. per il settore elettrico, 11 mn. per il gas; iniziata la guerra tra i due, che si rubano a vicenda i clienti; dal 2007 l’80% dei privati che hanno cambiato fornitore hanno scelto EDF o GDF.

●    GDF Suez è leader mondiale del gas liquefatto e le sue dimensioni gli consentono di misurarsi con Gazprom, Sonatrach e e StaoilHydro; in prospettiva con i gruppi del Qatar e dell’Iran.

– Altre possibilità di fusione: quello di GDF con Total è fallito, perché Total temeva di complicarsi la vita con l’ingerenza dello Stato e 11 mn. di clienti.

– Nel 2007 senza risultato l’avvicinamento di GDF suggerito da Sarkozy all’algerino Sonatrach;

– scartata da Sarkozy la fusione EDF-GDF, ne sarebbe uscito un gruppo troppo potente, con la conseguente richiesta a Bruxelles di cessione di parte delle centrali nucleari di EDF; Suez non era riuscita nel 2000 ad unirsi ad E.on; scartato perché difficile e lungo l’avvicinamento allo spagnolo Gaz Natural.

– Secondo gli esperti il raddoppio medio del barile di petrolio nel 2007 e 2008 ($70 à $140) porterà ad un raddoppio anche del prezzo del gas tra il 2007 e il 2009; nonostante la loro dimensione EDF, E.on, GDF Suez devono sottomettersi al corso dettato dai paesi produttori e dai loro gruppi.

Gli accordi a lungo termine cominciano ad essere messi in discussione dai paesi produttori: ad es. l’algerino Sonatrach intende scegliere per il futuro contratti a breve.

Le Monde       080721
Analyse – GDF Suez, un colosse fragile,
par Jean-Michel Bezat

LE MONDE | 21.07.08 | 13h37 • Mis à jour le 21.07.08 | 13h37

–   Pierre Gadonneix, alors patron de Gaz de France (GDF), rêvait de marier son entreprise au groupe d’énergie et d’environnement Suez. Avec la naissance officielle de GDF Suez, mardi 22 juillet, son rêve se réalise. Mais sans lui, et peut-être contre lui.

–   Devenu patron d’EDF en 2004, il sait que le nouveau groupe, entré dans la cour des grands où EDF était seul avec l’allemand E.ON, sera un concurrent redoutable. Cette belle opération flattera l’ego de ceux qui l’ont réalisée et alimentera le patriotisme économique français. Il est en revanche moins sûr qu’elle bénéficie directement aux consommateurs et renforce la sécurité énergétique de la France autant que ses partisans l’affirment.

–   La création de GDF Suez a un véritable sens industriel dans un secteur de l’énergie très gourmand en capitaux et en pleine concentration. La France y compte déjà quatre sociétés de taille mondiale : Total (quatrième major pétrolière), EDF (premier producteur européen d’électricité), Areva (seul acteur nucléaire à maîtriser toute la chaîne de l’atome civil) et Alstom (30 % des turbines des centrales en service dans le monde).

–   GDF Suez complétera la panoplie avec sa place de premier acheteur de gaz en Europe.

Un autre rapprochement était-il possible ? Celui de GDF avec Total, un temps envisagé, butait sur le refus de la compagnie pétrolière de s’embarrasser de relations complexes avec l’Etat et 11 millions de clients. L’adossement du groupe gazier français au producteur algérien Sonatrach ? Suggéré par le candidat Nicolas Sarkozy en 2007, il frisait la provocation politique vis-à-vis d’Alger.

Quant à la fusion EDF-GDF, elle a été rapidement écartée par le chef de l’Etat. L’entreprise aurait eu un poids écrasant en France et Bruxelles aurait obtenu en contrepartie la cession d’une partie des centrales nucléaires d’EDF, hypothèse exclue par le gouvernement. De son côté, Suez n’avait pas pu conclure son rapprochement avec E.ON en 2000. Une montée progressive au capital de l’espagnol Gas Natural – scénario toujours plausible – aurait été longue et incertaine…

–   Va pour la fusion et la compétition entre EDF et GDF Suez. Dès 2004, le plan stratégique d’EDF prévoyait que la transformation d’EDF et GDF en sociétés anonymes et leur introduction en Bourse entraînerait une "concurrence frontale" entre eux. Et davantage en cas de fusion GDF-Suez.

–   Les deux opérateurs historiques se partagent en effet l’essentiel du marché français des particuliers : 29,5 millions pour l’électricien, 11 millions pour le gazier. La guerre a commencé et les deux groupes "s’échangent" des clients : 80 % des particuliers ayant changé de fournisseur depuis le 1er juillet 2007 ont choisi EDF ou GDF. Ce jeu des vases communicants a ses limites. La croissance de leur clientèle et de leur activité se fera hors des frontières hexagonales. La logique de développement d’EDF le pousse à "rattraper à l’étranger ce qu’il perd en France", juge M. Gadonneix. Le mécanisme vaut pour GDF Suez.

–   Alors, pourquoi cette fusion qui a pris deux ans et demi ? Les dirigeants de GDF Suez ont raison de dire qu’en gagnant en puissance, l’acheteur gagne en crédibilité et renforce son pouvoir de négociation. Aujourd’hui face à Gazprom, à la Sonatrach et à StatoilHydro, demain avec les Qataris et les Iraniens.

–   Leader mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) et premier acheteur européen avec 100 milliards de mètres cubes par an, soit la consommation de l’Allemagne, le groupe sera un partenaire obligé et un client de poids. La diversification de son portefeuille gazier (Russie, Algérie, Norvège, Indonésie, Yémen, Egypte, Nigeria, golfe du Mexique…) constituera aussi un atout pour la sécurité d’approvisionnement du pays. Enfin, le groupe contribuera (30 milliards d’euros sur 2008-2010) à l’énorme effort d’investissement nécessaire pour éviter black-out et coupures de gaz en Europe. La société de conseil Capgemini l’a évalué à 700 milliards d’euros d’ici à 2030 pour les seules centrales électriques.

HAUSSE DES PRIX SANS PRÉCÉDENT

Cela ne donnera pas pour autant un pouvoir de marché à GDF Suez, ni un contrôle des prix. En bonne théorie économique, la concurrence voudrait qu’ils baissent. Dans l’énergie, les bénéfices de la concurrence ne s’afficheront pas sur les tarifs de vente du gaz ou de l’électricité (dont une partie croissante sera produite à partir de centrales au gaz). Non, ces prix dépendent moins de la concurrence entre fournisseurs que du rapport de force entre producteurs et fournisseurs, de la rareté des ressources et des coûts de production, de transport et de distribution dans un contexte où toutes les sources d’énergie sont tirées par la flambée des cours de l’or noir.

–   Selon les experts du Cambridge Energy Research Associates, le doublement du prix moyen du baril entre 2007 et 2008 (de 70 à 140 dollars) se traduira par un doublement du prix du gaz entre 2007 et avril 2009.

–   Aussi puissants soient-ils, EDF, E.ON ou GDF Suez doivent s’inscrire dans ce marché où les pays producteurs et leurs compagnies nationales font la loi.

"Le prix du gaz n’est pas lié aux évolutions capitalistiques des entreprises du secteur, il est indexé sur le prix du pétrole dans le cadre de contrats à long terme", résume Jean-François Cirelli, numéro deux de GDF Suez, pour répondre aux accusations de la gauche, de la CGT et des associations de consommateurs. Même ces accords à long terme, censés garantir des prix intéressants et une sécurité d’approvisionnement, commencent à être remis en cause par des pays producteurs. Dénonçant "des difficultés pour renégocier" les prix dans le cadre de ces accords sur vingt ou trente ans, le ministre algérien de l’énergie, Chakib Khelil, vient de prévenir que "la Sonatrach optera pour des contrats à court terme". Ils seront sans doute moins intéressants pour les pays consommateurs.

La naissance de GDF Suez coïncide avec un mouvement de hausse des prix du gaz sans précédent. L’image du nouveau groupe va en souffrir. Il y a quelques jours, le patron de Gazprom pronostiquait que le baril de pétrole atteindrait prochainement 250 dollars et que les 1 000 mètres cubes de gaz vaudront alors quatre fois ce prix. "La situation devient assez dramatique pour les consommateurs", reconnaissait Alexeï Miller. On ne saurait mieux dire.

Courriel : bezat@lemonde.fr.

Jean-Michel Bezat (Service Economie & Entreprises)

Article paru dans l’édition du 22.07.08

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Le Figaro        080716/17
GDF Suez surgit enfin dans le paysage énergétique

Frédéric de Monicault

16/07/2008 | Mise à jour : 15:13 | Commentaires 5

Dirigé par Gérard Mestrallet (à gauche) et Jean-François Cirelli, le nouvel ensemble fera son entrée en Bourse le 22 juillet prochain.

Les deux groupes tiennent ce mercredi leur assemblée générale. Ultime étape qui officialise leur fusion.

Ça y est, le grand jour est arrivé. Trente mois, pas un de moins, après l’annonce de leur rapprochement par Dominique de Villepin sur le perron de Matignon, Suez et Gaz de France officialisent enfin leur union. Le dernier acte de cet incroyable feuilleton se déroule aujourd’hui, avec la tenue de l’assemblée générale des deux groupes, leur dernière en solo avant l’avènement de GDFSuez.

Avant que le nouvel ensemble fasse son entrée en Bourse, le 22 juillet prochain, les actionnaires seront d’autant plus enclins à approuver le mariage qu’ils vont recevoir un dividende exceptionnel de 0,80 euro. Son versement interviendra avant la fin de l’année, sous la forme d’un acompte sur dividende. « Son principe sera soumis au conseil d’administration de GDF Suez après les arrêtés des comptes du premier semestre 2008, le 31 août », a précisé hier Suez.

–   D’ici là, Suez Environnement aura également fait son entrée en Bourse. Dans le cadre de la fusion, Suez cède en effet la majorité de ce pôle, dont GDF Suez ne détiendra que 35 %.

–   Dirigé par Gérard Mestrallet, jusque-là patron de Suez alors que Jean-François Cirelli, son homologue chez GDF, sera n° 2 , le nouveau groupe surgit à un moment opportun. Celui où la bataille mondiale de l’énergie exige des protagonistes qu’ils soient des mastodontes.

Course à la taille

–   Dans ce cas précis, GDF Suez affiche une activité cumulée de près de 75 milliards d’euros (contre 67 milliards pour Gazprom et 59,6 milliards pour EDF) ainsi qu’une valeur boursière, là encore cumulée, de plus de 93 milliards. D’ores et déjà, des objectifs ambitieux ont été assignés au nouveau géant, avec une croissance du bénéfice d’exploitation de 10 % dès cette année.

 

–   Malgré des perspectives prometteuses, le chemin est semé d’embûches. Les deux groupes, à la culture résolument différente, vont devoir apprivoiser leurs spécificités. Cela d’autant plus rapidement que tous les grands rivaux de GDF Suez sont déjà en ordre de marche, et même en train de grossir.

–   Ainsi l’italien Enel va-t-il absorber l’espagnol Endesa, tandis que l’allemand E.ON a pris le contrôle des principales possessions d’Endesa à l’extérieur de la péninsule ibérique.

–   Quant à EDF, il suit toujours de très près le dossier British Energy.

Le consommateur lui aussi sera vigilant face à l’émergence de GDF Suez. Avec un regard attentif sur sa facture de gaz, qui pourrait encore augmenter, dans le sillage de l’inflation du pétrole.

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Cirelli : «Nous édifions un formidable groupe industriel»

Propos recueillis par Frédéric de Monicault

17/07/2008 | Mise à jour : 16:00 | Commentaires 24

INTERVIEW – Le futur numéro 2 de GDF Suez expose les priorités du nouveau géant français.

LE FIGARO. GDF Suez est désormais officiellement sur les rails. Vous respirez enfin?

–   Jean-François CIRELLI. J’éprouve un double sentiment. La joie, d’abord, d’avoir réussi à surmonter un certain nombre d’obstacles pour parvenir à l’édification d’un formidable groupe industriel. La responsabilité, ensuite, parce que je suis évidemment comptable de la réussite de ce nouvel ensemble. Avec Gérard Mestrallet, nous avons toujours pensé que ce projet était le meilleur pour nos deux entreprises. Certes, des difficultés ont pu nous faire douter, mais elles ont permis aussi à tous de mieux comprendre la fusion.

Quand le nouveau groupe sera-t-il opérationnel?

–   La première cotation de GDF Suez est prévue la semaine prochaine, le 22 juillet. Depuis des mois, nous avons énormément travaillé pour être opérationnel à J+ 1. Pas moins de 200 personnes ont déjà été nommées à des postes clés. L’ensemble des équipes savent ce qu’elles doivent faire.

Les différences de culture ne vont-elles pas retarder le processus ?

Ces différences ont été très largement exagérées. Ne serait-ce que parce les équipes opérationnelles des deux groupes parlent exactement le même langage. L’objectif n’est pas d’effacer un passé dont nous sommes fiers, mais de conserver nos valeurs en créant une nouvelle culture commune. La fusion va tout simplement faire en sorte que le meilleur de l’identité des deux groupes soit valorisé.

Vous êtes le n°2 de GDF Suez. Quelle est votre mission? Comment accepte-t-on de quitter son fauteuil de n°1?

Je suis très satisfait de la manière dont les choses se déroulent. J’ai une grande confiance dans Gérard Mestrallet. Une entreprise comme GDF Suez est tellement stratégique qu’il y a énormément de choses à faire. Et j’exercerai des responsabilités directement opérationnelles, plus particulièrement dans les domaines du gaz, des infrastructures et des activités du groupe en France.

Quelles vont être les premières priorités?

Tout faire d’abord pour satisfaire nos clients, qu’ils puissent se rendre compte combien l’offre énergétique de GDF Suez répond à leurs attentes. Cela sous-tend en particulier de gros investissements, d’ores et déjà chiffrés à 30 milliards d’euros au cours des trois ans à venir. GDF Suez va contribuer à une grande politique industrielle, dans des domaines aussi variés que le renforcement des équipements électriques, la mise en service de nouvelles infrastructures gazières ou encore l’essor des énergies renouvelables.

Nicolas Sarkozy a décidé la construction d’un deuxième EPR. Serez-vous candidat?

–   La relance du nucléaire représente un enjeu majeur. Nous y sommes d’autant plus sensibilisés que les équipes de GDF Suez possèdent une très forte compétence dans ce domaine, à travers le parc de réacteurs de Suez en Belgique. Ce sera à notre conseil d’administration de trancher sur notre participation à un deuxième EPR. Une décision devrait être prise début 2009. Si la réponse est positive, nous le ferons en partenariat avec des acteurs de l’énergie et des industriels.

Pour le consommateur, qu’est-ce que cela va changer d’avoir désormais affaire à GDF Suez?

Rien ne change au sens où le consommateur continue d’avoir accès aux mêmes services de Gaz de France, avec les mêmes modalités. Toutefois la fusion va permettre un enrichissement de l’éventail de nos offres dans tous les domaines. Nous allons notamment proposer des offres duales, gaz + électricité, à l’ensemble de nos clients. De manière plus large, c’est tout le concept d’efficacité énergétique qui bénéficie des atouts deux groupes.

Pour séduire les investisseurs, allez-vous très vite augmenter les prix du gaz?

Que les choses soient claires une bonne fois pour toutes. Nous n’augmentons pas les prix du gaz pour faire plaisir à nos actionnaires. Aujourd’hui, 90 % de nos approvisionnements proviennent de fournisseurs étrangers. Or, depuis 18 mois, le prix du gaz a doublé. Nous devons donc intégrer cette réalité dans nos comptes, mais ce qui n’empêche pas nos tarifs de rester très compétitifs : la France est le deuxième pays en Europe, après l’Angleterre, où les prix du gaz sont les plus bas.

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