Il ritiro di Shell dall’Iran non può che favorire la Russia/ La battaglia per il gas iraniano è solo agli inizi
L’indipendenza energetica dei paesi europei è ostacolata da scelte politiche.
Royal Dutch Shell e il suo partner spagnolo Repsol hanno abbandonato un progetto di oltre €6,4 Md per il campo di gas iraniano di South Pars, su pressioni USA:
ne potrebbe derivare il rafforzamento del controllo russo sul gas europeo, proprio quanto UE ed USA vorrebbero evitare.
Tutte le major americane, europee e asiatiche puntano sul giacimento gigante di South Pars, nel Golfo, il maggiore del pianeta, condiviso con il Qatar,
il cui avvio di produzione è ritardato da tensioni geo-politiche, forte crescita dei costi dei progetti, scarsa redditività dei contratti buy-back offerti dagli iraniani in cambio degli investimenti delle major. Shell e Repsol vogliono rinegoziare il contratto di sfruttamento di un blocco di South Pars firmato nel 2002, e prendono tempo.
Total ha sempre avuto buone relazioni con l’Iran (2e riserve mondiali di gas), per il futuro nuova fonte di approvvigionamento per l’Europa; ha di recente riaffermato il proprio interesse a lungo termine per partenariati con l’Iran.
Il gruppo italiano Eni, il norvegese StaoilHydro e il francese Total hanno ottenuto contratti per alcune fasi di sviluppo del progetto di South Pars.
Tehran ricorda che in caso di eccessivi ritardi nell’avvio delle operazioni, il loro posto sarà preso dal russo Gazprom e de gruppi indiani e cinesi.
In corso in Iran un dibattito sulle priorità per gas iraniano (consumo interno, utilizzo nei campi petroliferi per migliorarne il pompaggio, o esportazioni; date le carenze iraniane di capitali, saranno necessari IED (Investimenti Esteri Diretti) per fare del paese il 3° produttore mondiale entro 10 anni.
La produzione di GNL richiede il know how delle major; il gigante russo Gazprom non possiede ancora le competenze necessarie, e per questo non ha fatto forti investimenti a South Pars.
L’accordo quadro energetico (elettricità, nucleare, petrolio) del 2007 (Putin-Ahmadinejad) non trova l’unanimità in Iran, con correnti che denunciano l’imperialismo russo;
Russia ed Iran sono di fatto concorrenti; la posizione geografica dell’Iran ne fa un fornitore chiave per Europa ed Asia;
Gazprom non vuole che il gas iraniano e dell’Asia centrale, evitando la Russia finisca in Europa
tramite il gasdotto Nabucco, progetto sostenuto da UE ed USA, ma che, senza il gas iraniano, non è realizzabile, (Le pressioni americane per il ritiro dei gruppi occidentali dall’Iran si contraddicono con l’appoggio USA al progetto Nabucco).
dato che l’Europa ha manovrato male in Asia centrale, permettendo alla Russia di prendersi parte del gas dei paesi ad est del Caspio.
Gazprom difende con l’italiana ENI il proprio gasdotto South Stream, che porterà il gas di Siberia ed Asia Centrale in Europa.
La Russia appoggia anche il “gasdotto della pace” che collega Iran a India, e forse alla Cina, passando per il Pakistan,
progetto avversato dagli USA, perché consentirebbe all’Iran di uscire dall’isolamento economico e diplomatico.
La Russia spinge per una OPEC del gas, che non ha finora raccolto l’entusiasmo di Iran e Algeria; ma se USA e UE continuano ad isolare l’Iran, sarà difficile mettere in concorrenza tra loro i fornitori di gas.
Gli USA (Legge d’Amato 1996) sanzionano tutti gli investimenti sostanziosi in Iran, fanno pressione su banche e industrie dell’energia.
Petrolio: dopo il ritiro (per pressioni USA) del giapponese Inpex a fine 2006, il presidente iraniano si è posto l’obiettivo di avviare la produzione del grande campo di Azadegan (S-O)
Il Qatar, sulla costa opposta del Golfo, è divenuto in pochi anni il primo maggior esportatore di gas liquefatto grazie alle alleanze con le major straniere.
Total pronta ad aprire il proprio capitale al fondo sovrano del Qatar
Non ancora avviati negoziati formali tra QIA (Qatar Investment Authority) e Total.
Total detiene, come l’americano Occidental Petroleum, il 24,5% di Dolphin Energy, operante in Qatar, il cui 51% è detenuto da una conglomerata degli EAU.
La bataille pour le gaz iranien ne fait que commencer
LE MONDE | 15.05.08 | 14h25 • Mis à jour le 15.05.08 | 14h25
Le 11 février 2008, à l’ambassade d’Iran à Paris, Christophe de Margerie était des nombreux convives qui se pressaient à la réception marquant le 29e anniversaire de la révolution islamique. Le directeur général de Total est loin d’être un inconditionnel de la république des mollahs, mais la compagnie pétrolière française a toujours cherché à entretenir de bonnes relations avec Téhéran. Malgré la difficulté d’investir dans un pays sanctionné par les Nations unies pour son programme nucléaire, rien ne serait pire que d’injurier l’avenir : l’Iran, qui possède les deuxièmes réserves mondiales de gaz, sera tôt ou tard une nouvelle source d’approvisionnement de l’Europe.
– Pour l’heure, la situation des majors américaines, européennes et asiatiques est intenable. Elles lorgnent toutes sur les champs pétrolifères et le gisement géant de South Pars dans le golfe Persique, le plus grand réservoir gazier de la planète. Mais tout se conjugue pour retarder leur mise en production : les tensions géopolitiques, l’emballement des coûts des projets pétro-gaziers, le caractère peu lucratif des contrats buy-back proposés par les Iraniens en paiement des investissements des majors.
– Depuis le Qatar, qui partage l’immense champ gazier avec l’Iran, M. de Margerie a réitéré, lundi 12 mai, son intérêt "sur le long terme" pour des partenariats en Iran, tout en ajoutant qu’il ne faut pas s’attendre à une décision rapide. Total hésite à investir plusieurs milliards de dollars dans Pars LNG, un projet d’extraction et de liquéfaction de gaz. Plusieurs compagnies pétrolières tergiversent aussi. L’anglo-néerlandais Shell et l’espagnol Repsol veulent renégocier le contrat d’exploitation d’un bloc de South Pars, signé en 2002, qui devait déboucher sur une production en 2007, et se donner du temps.
Ces hésitations ne sont pas du goût des Iraniens. "L’Occident affirme que l’Iran est en train d’expulser Total et Shell, mais aucun ultimatum ne leur a été adressé", a récemment déclaré le ministre du pétrole. En mars, Gholam Hossein Nozari leur avait pourtant signifié qu’ils avaient jusqu’au mois de juin pour se décider. Et Téhéran ne cesse de rappeler que, en cas de délais excessifs, le russe Gazprom et des groupes indiens ou chinois prendront leur place.
– Non sans dépit, les Iraniens constatent en effet que sur la côte opposée du golfe Persique, le Qatar est devenu en quelques années le premier exportateur mondial de GNL grâce à des partenariats avec les majors étrangères. Puits d’extraction et usines de liquéfaction du gaz sont si nombreux que Doha a décidé un moratoire sur les nouveaux investissements gaziers jusqu’en 2010 !
CONCURRENCE RUSSO-IRANIENNE
– Téhéran en est encore à se demander ce que le pays doit faire de son gaz. "Il existe un débat interne sur la définition des priorités gazières : privilégier l’utilisation du gaz pour la consommation interne (L’Iran a dû en importer cet hiver), les injections dans les champs de pétrole (pour améliorer le pompage) ou les exportations", souligne Clément Therme, spécialiste de l’Iran à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
– Faute de capacités financières suffisantes, l’Iran ne peut suivre toutes ces pistes. Dans tous les cas, ajoute M. Therme, "d’importants investissements étrangers seront indispensables pour réaliser l’objectif fixé par les autorités : devenir le troisième producteur mondial d’ici dix ans". Une ambition systématiquement contrariée par Washington. La loi d’Amato, votée par le Congrès en 1996, sanctionne tout investissement important dans la République islamique. Et les Etats-Unis, qui n’ont cessé de renforcer leur arsenal, font pression sur les banques et les industriels de l’énergie pour tuer dans l’oeuf toute velléité de conclure des affaires avec la République islamique.
En attendant des jours meilleurs, l’Iran cherche à prouver qu’il est resté un grand pays pétrolier capable d’exploiter seul ses richesses. Son président, Mahmoud Ahmadinejad, est de ceux qui veulent pousser les sociétés nationales à démontrer leur capacité à se passer des technologies et des financements occidentaux.
– Après le quasi-retrait du japonais Inpex fin 2006 – sous la pression des Etats-Unis, indiquaient alors certaines sources -, il a fait de la mise en production en février de l’énorme champ d’Azadegan (sud-ouest) un enjeu autant politique qu’économique.
– Plus complexe, la production de GNL nécessite le recours au savoir-faire des majors étrangères. Gazprom peut-il se substituer aux Occidentaux et renforcer ainsi son emprise sur les livraisons vers l’Europe ? Le géant russe ne dispose pas de compétences dans ce domaine et n’a donc fait aucun investissement massif dans South Pars. Quant au rapprochement énergétique scellé en 2007 par M. Ahmadinejad et Vladimir Poutine, il ne fait pas l’unanimité à Téhéran, où certains courants dénoncent la vieille tentation "impérialiste" russe, rappelle M. Therme.
– Sous couvert du rapprochement Téhéran-Moscou dans l’énergie (électricité, nucléaire, pétrole), les deux pays sont en fait concurrents. La situation géographique de l’Iran en fait un fournisseur-clé de l’Europe et de l’Asie. Or Gazprom ne souhaite pas que le gaz iranien coule vers le Vieux Continent, notamment dans le pipeline Nabucco, ce qui en ferait un rival redoutable.
– Et sans l’or bleu iranien, ce projet de gazoduc soutenu par l’Union européenne et les Etats-Unis n’est pas viable puisque l’Europe a si mal manoeuvré en Asie centrale qu’elle a laissé la Russie préempter une partie du gaz des pays à l’est de la Caspienne.
– Avec le pétrolier italien Eni, Gazprom défend son propre "tuyau", le South-stream, qui acheminera le gaz de Sibérie et d’Asie centrale au coeur de l’Europe, ce qui accroîtra sa dépendance.
– Et Moscou soutient le "gazoduc de la paix" reliant l’Iran à l’Inde (et peut-être à la Chine) à travers le Pakistan. Un projet vigoureusement combattu par Washington, qui voit là un moyen pour la République islamique de sortir de son isolement économique et diplomatique.
Total prêt à ouvrir son capital au fonds souverain du Qatar
Le groupe Total est prêt à céder une partie de son capital à Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain du Qatar, a indiqué, lundi 12 mai, le directeur général de Total. "Le fonds du Qatar sera certainement le bienvenue", a déclaré Christophe de Margerie, tout en précisant que les deux parties n’avaient pas ouvert de discussions formelles sur le sujet. "Nous sommes des partenaires et eux (Total) investissent au Qatar et nous aussi nous voulons investir chez eux", a déclaré le ministre de l’énergie et de l’industrie du Qatar, Abdallah Al-Attiya, selon le Gulf Times. Comme l’américain Occidental Petroleum, Total a une participation de 24,5 % dans Dolphin Energy, société opérant au Qatar et détenue à 51 % par un conglomérat d’Abou Dhabi.
Une entrée de QIA dans Total n’aurait rien d’étonnant. "Nous devons changer de comportement. Notre mission n’est plus simplement de produire et livrer, mais produire et livrer en se faisant accepter", notait M. de Margerie fin 2007. Ouverture du capital et aide au développement quand les pays producteurs en ont besoin font partie de cette stratégie.
Article paru dans l’édition du 16.05.08
LE MONDE | 13.05.08 | 15h27 • Mis à jour le 13.05.08 | 15h32
– L’Europe est en quête d’une plus grande indépendance énergétique, et cherche à diversifier ses approvisionnements. Mais cette stratégie sera difficile à mettre en oeuvre si les fournisseurs potentiels sont écartés pour des raisons politiques.
– L’abandon par le groupe pétrolier Royal Dutch Shell d’un projet à plus de 10 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros) pour exploiter le champ gazier de South Pars, en Iran, pourrait avoir pour conséquence de renforcer le contrôle de la Russie sur le gaz européen – précisément ce que l’Europe et les Etats-Unis veulent théoriquement éviter.
– La décision de Shell et de son partenaire espagnol, le groupe Repsol, doit beaucoup aux pressions politiques des Etats-Unis, qui veulent utiliser l’arme économique pour contrecarrer les ambitions nucléaires de Téhéran. Des coûts en hausse, et les exigences iraniennes, ont aussi joué leur rôle – mais s’expliquent en partie par l’isolement actuel du pays.
– Le champ de South Pars, que l’Iran partage avec le Qatar, est aujourd’hui le plus important du monde. Des compagnies occidentales comme le groupe italien italien Eni, le norvégien StatoilHydro ou le français Total se sont déjà vu attribuer des contrats pour quelques unes des phases de développement du projet – certaines déjà achevées, d’autres qui le seront dans un avenir plus ou moins lointain, comme le projet Total.
– Les pressions américaines pour que les compagnies occidentales se retirent d’Iran sont difficiles à concilier avec le soutien appuyé des Etats-Unis au projet de gazoduc Nabucco, qui vise à amener à l’Europe le gaz d’Asie centrale, évitant la Russie et son gaz. Sans le gaz iranien, Nabucco pourrait n’être qu’un tuyau vide.
– La Russie a déjà démontré sa disponibilité pour prendre en Iran la place de ceux qui partent. Et Gazprom lorgne sur le projet South Pars. Son directeur général, Alexei Miller, était à Téhéran en mars. De ce point de vue, se couper de l’Iran est, pour l’Europe et les Etats-Unis, une autopunition.
– La Russie pousse à la création d’une "OPEP du gaz", qui n’a pas pour l’instant suscité l’enthousiasme des autres producteurs comme l’Iran ou l’Algérie. Mais si les Etats-Unis et l’Europe continuent d’isoler l’Iran, il sera difficile de mettre les fournisseurs de gaz en concurrence. Un peu de cohérence dans la diplomatie énergétique ne serait pas superflue.
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Article paru dans l’édition du 14.05.08