Le Monde 080228/0301
Sarkozy promette la fine della "Francafrica"
+ Le Figaro, 29.2.08: Sarkozy invita il Sudafrica nel Consiglio di Sicurezza ONU, Pierre Prier
● Sarkozy vuole reagire alla perdita di influenza francese nelle ex colonie, mentre i paesi emergenti si contendono il continente africano.
● Sarkozy ha annunciato la rinegoziazione degli accordi di difesa tra Francia ed alcuni paesi africani, nessun dettaglio fornito.
o Non si tratta di un disimpegno, «la Francia non deve avere il ruolo di gendarme in Africa, è questo il ruolo dell’Unione Africana e delle organizzazioni regionali»;
o L’idea generale è: diminuire le forze francesi, ora circa 9000, distribuite in Senegal, Costa d’Avorio, Gabon, Chad, Repubblica Centrafricana e a Djibuti; predisporre equipaggiamenti e istallazioni per le missioni militari dalle metropoli in caso di crisi.
o Le truppe francesi dovrebbero essere sempre più utilizzate per l’addestramento di forze di pace della Unione Africana, che dovrebbero essere pronte per il 2010-2012.
o Le tre basi militari permanenti francesi in Africa sono a Djibuti, in Senegal e in Gabon; quelle in Chad e Costa d’Avorio hanno statuti meno definiti;
o Un’ipotesi: mantenere la base di Djibuti in Africa Orientale (con una riduzione del numero di soldati, in parte già trasferiti per la futura base di Abu Dhabi) e quella in Chad per il centro;
o la base di Abidjan (Costa d’Avorio) dovrebbe passare da permanente ad “operazione esterna” – OPEX; (ad Abidjan oltre la missione Licorne c’è una base permanete di 900 soldati del 43° battaglione di fanteria della marina (Bima), creato nel 1978;
o da riconsiderare le tre basi in Africa Occidentale, la scelta è forze tra Gabon e Senegal, che hanno una diversa valenza strategica:
§ se viene eliminata la base di Abijan, Dakar, Senegal, rimane per la Francia il solo ingresso marittimo degno di tal nome; potrebbe esserne ridotta la componente terrestre, mantenendo quella marittima. Il Senegal è ben posizionato sul confine tra il sahel e i santuari islamici.
§ Il Gabon è la piattaforma aerea girevole di tutte le operazioni francesi in Africa, da qui giungono le truppe che sostengono i primi scontri e dove atterrano gli aerei di trasporto dei militari o per l’evacuazione dei civili.
o In Chad il dispositivo “provvisorio” Epervier, istituito nel 1986 contro gli appetiti della Libia, è ancora in funzione; il Chad è ancora considerato importante per la Francia i militari fa da “portaerei terrestre” al centro del continente; per i diplomatici il “chiavistello dell’Africa”; se con la forza europea Eufor la situazione dovesse stabilizzarsi, Sarkozy potrebbe decidere di diminuirne la consistenza.
o La Francia aiuterà il Sudafrica a ristrutturare le proprie forze armate.
Gli orientamenti preannunciati andrebbero nel senso della rottura con la “Francafrica”, agitata da Sarkozy nella sua campagna elettorale, la fine di relazioni non trasparenti e in egualitarie di tipo coloniale.
– Sarkozy annuncia l’appoggio della Francia all’ingresso dell’Africa nelle organizzazioni internazionali, dal G8 all’FMI, al C.d.S. ONU.
● Sottoscritti accordi economici in Sudafrica, primo partner economico della Francia in Africa:
o Per €1,36Md, fornitura di Alstom di una centrale a carbone polverizzato;
o L’Agenzia francese per lo sviluppo (AFD) parteciperà al finanziamento di un parco di 60 centrali eoliche, potenza totale 100MW, €120mn.
o + iniziativa di ADF per un fondo da €2,5Md per il finanziamento di 2000 imprese, per 300mila posti di lavoro, dovrebbe facilitare l’accesso al credito delle PMI africane.
o Il Sudafrica, potenza emergente, rappresenta il 40% del PIL dell’Africa Subsahariana;
o
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– Sarkozy in Chad, nonostante la scomparsa del deputato Ngarlejy Yorongar e del portavoce della principale coalizione dell’opposizione Ibni Oumar Mahamat Saleh. Per dimostrare che non agirebbe in solitaria è accompagnato dal commissario europeo allo sviluppo, Louis Michel, e dal segretario generale dell’Organizzazione internazionale della francofonia, Abdou Diouf.
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Virata di 180 gradi nel linguaggio delle dichiarazioni di Sarkozy sull’Africa, tra quelle di 7 mesi fa a Dakar, Senegal, e quelle di alcuni giorni fa a Città del Capo, Sudafrica, dove ha auspicato una “rifondazione” delle relazioni tra Francia ed Africa.
Dakar:
– Africa continente malato, incapace di proiettarsi nel futuro; il colonialismo non ha responsabilità per i mali odierni dell’Africa;
– L’uomo africano non è entrato nella Storia; lanciava avvertimenti perentori;
Città del Capo:
– Africa terra dove tutto è possibile, continente da cui è venuta una grande lezione d’umanità, con al fine dell’apartheid;
– Africa vittima di disprezzo e razzismo; suo aiuto prezioso alla Francia nelle due guerre mondiali;
Gli africani non vogliono più lezioni di morale.
Le Monde 080301
M. Sarkozy promet la fin de la "Françafrique"
LE MONDE | 29.02.08 | 15h49 • Mis à jour le 29.02.08 | 15h49
LE CAP ENVOYÉ SPÉCIAL
Sept mois après avoir prononcé, à Dakar (Sénégal), un discours considéré par de nombreux Africains comme provocateur voire injurieux, Nicolas Sarkozy a revu sa copie. Devant le Parlement sud-africain, au Cap, jeudi 28 février, il a entonné un hymne à la "renaissance" du continent et appelé de ses voeux une "refondation" des relations entre la France et l’Afrique.
Le "discours du Cap", opposé à celui de Dakar aussi bien quant au fond que sur la forme – sobre au lieu d’être lyrique, modeste au lieu de sentencieuse -, prend appui sur l’éclosion d’une "Afrique du Sud nouvelle" après la sortie pacifique de l’apartheid en 1994.
– Alors qu’à Dakar, en juillet 2007, le président français avait brossé le portrait d’un continent malade de ses habitants, ressassant le passé et incapable de se projeter dans l’avenir, il décrit aujourd’hui l’Afrique comme la terre de tous les possibles, le continent d’où est venue "une magnifique leçon d’humanité" avec la fin de l’apartheid.
– Là où il exonérait la colonisation de toute responsabilité dans les malheurs actuels de l’Afrique, il considère, cette fois, le continent comme "victime plus que d’autres du mépris et du racisme". La où il estimait que "l’homme africain (n’était) pas assez entré dans l’Histoire", il insiste sur "l’aide précieuse que l’Afrique (nous) a apportée dans les deux guerres mondiales". Là où son discours fourmillait de mises en garde péremptoires, il reconnaît que "les Africains en ont assez de recevoir des leçons de morale".
Devant les députés qui l’ont applaudi chaleureusement, alors que l’accueil avait été glacial à Dakar, le président français a estimé que les rapports franco-sud-africains, "équilibrés, transparents et décomplexés", devaient "inspirer une relation nouvelle entre la France et l’Afrique". Il a reçu, au Cap, une onction qui lui avait été refusée au Sénégal.
– Le président sud-africain, qui avait surpris en saluant le discours de Dakar, notamment son appel à la responsabilité des Africains, a estimé que la décision principale annoncée par M. Sarkozy – la renégociation des accords de défense en vigueur entre la France et certains Etats africains – s’inscrit dans "le processus de décolonisation de l’Afrique".
– M. Sarkozy a fait sensation en déclarant que "la France n’a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique". Il estime "obsolètes" des textes datant des années 1960 et souhaite qu’ils soient "adaptés aux réalités du temps présent en tenant le plus grand compte de la volonté des pays africains". Autant dire qu’il ne s’agit pas de supprimer a priori des bases militaires en Afrique, puisque certains dirigeants les revendiquent, notamment pour garantir leur propre longévité.
– D’ailleurs, "il ne s’agit nullement d’un désengagement", a insisté M. Sarkozy, qui avait tenu à dîner, la veille, dans la capitale tchadienne, N’Djamena, avec les soldats français du dispositif "Epervier". Les troupes françaises seront de plus en plus utilisées pour former les "forces en attente" de l’Union[e] africaine (UA) destinées au maintien de la paix et censées être constituées en 2010 ou 2012. Au-delà de cette date, les bases perdraient alors cette raison d’être.
Afin de riposter aux "fantasmes" sur les relations franco-africaines, les accords seront "intégralement publiés", a promis le président, et le Parlement français sera "associé étroitement aux grandes orientations de la politique de la France en Afrique".
– Mais la question controversée de la participation de soldats français à des combats destinés à protéger un Etat ou un président africain contre une agression n’a pas été abordée.
– M. Sarkozy, qui avait promis une "rupture" avec la "Françafrique" pendant la campagne présidentielle, autrement dit la fin des relations opaques et inégalitaires de type colonial, estime que ces orientations, pourtant très floues, vont dans ce sens et sont "sans précédent".
Il entend réagir à la perte d’influence de Paris dans son ancien pré carré, à l’heure où les pays émergents rivalisent de convoitise sur le continent.
Avec Areva et EDF, la France compte aussi remporter les marchés d’ équipements destinés à faire cesser les délestages électriques qui, depuis quelques semaines, compromettent la croissance de l’économie et exaspèrent les citoyens. Paris entend se ménager les bonnes grâces de Pretoria, en position de leadership économique et diplomatique en Afrique, en plaidant en faveur de sa présence au sein du G8, voire au Conseil de sécurité de l’ONU, comme l’a fait M. Sarkozy jeudi.
Mais les déclarations faites au Cap concernant les bases militaires, comme celles favorables à une "meilleure régulation de la mondialisation", ou l’annonce de nouvelles aides aux créations d’emplois, visent surtout à répondre à un phénomène qui préoccupe Nicolas Sarkozy : l’"ambivalence" de la jeunesse africaine à l’égard de la France. Chaque engagement de Paris fait naître le soupçon d’ingérence néocoloniale, a-t-il reconnu. Tandis qu’une abstention de la France est vécue comme un abandon.
Philippe Bernard
– Accords énergétiques et coopération économique
Le voyage de Nicolas Sarkozy en Afrique du Sud, premier partenaire économique de la France en Afrique, a été l’occasion de plusieurs annonces :
– en matière de fourniture d’électricité, un contrat d’un montant de 1,36 milliard d’euros devait être signé, vendredi 29 février, pour la fourniture par Alstom d’une centrale à charbon pulvérisé qui sera implantée à l’est de Johannesburg. L’Agence française de développement (AFD) participera au financement d’une ferme de 60 éoliennes d’une puissance totale de 100 MW, pour un montant de 120 millions d’euros.
– Nicolas Sarkozy a d’autre part annoncé le lancement d’une "initiative de soutien à la croissance économique" mise en oeuvre par l’AFD. Cette initiative mobilisera 2,5 milliards d’euros en cinq ans pour financer près de 2 000 entreprises et créer 300 000 emplois. Un fonds de garantie doté de 250 millions d’euros devrait permettre de faciliter l’accès des PME africaines au crédit bancaire.
Article paru dans l’édition du 01.03.08
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Le Figaro 080229
Sarkozy invite l’Afrique du Sud au Conseil de sécurité de l’ONU
Pierre Prier
28/02/2008 | Mise à jour : 20:08 | Commentaires 9
En visite au Cap, le président français a estimé que la France «n’avait pas vocation à maintenir des forces armées» sur le continent noir.
De notre envoyé spécial au Cap
S’ÉCARTANT du texte écrit, Nicolas Sarkozy assure aux députés sud-africains qu’en Afrique, « il n’y a pas de fatalité ». Le deuxième grand discours du président français sur le continent est un message d’espoir, d’où sont absentes les considérations anthropologiques de Dakar, en juillet dernier.
– Mais on est, ici, sur le sol d’une puissance émergente qui représente 40 % du PIB de l’Afrique subsaharienne et qui entend tenir son rang sur la scène internationale. Bref, l’endroit idéal pour annoncer que la France appuiera l’entrée de l’Afrique dans les grandes instances internationales, du G8 au FMI en passant par le Conseil de sécurité des Nations unies. « Comment comprendre que l’Afrique n’y ait pas de siège permanent ? » s’indigne le visiteur, devant les députés ravis. D’autant plus que le chef de l’État sait bien qui devrait s’y asseoir : « Il ne nous appartient pas de décider qui représentera l’Afrique. Mais je constate que l’Afrique du Sud marche à l’avant-garde de ce continent. »
– La France et l’Afrique du Sud devraient d’ailleurs coopérer dans le domaine de la sécurité en aidant la Centrafrique à restructurer son armée. Occasion pour le président français d’annoncer des réformes ayant trait à la présence militaire en Afrique. Cette partie du discours était attendue. Mais Sarkozy ne donne pas de détails. Il révèle la prochaine remise à plat des accords de défense avec les pays francophones, datant des années 1960 et dont « la rédaction est obsolète ». Par esprit de transparence, ces accords plus ou moins secrets seront publiés, précise le président. Mais dans ce domaine, l’esprit compte plus que la lettre. Les interventions françaises ou au contraire les décisions de ne pas intervenir se sont toujours fondées sur des considérations pragmatiques plutôt que sur des textes. Il y a bien, toutefois, un nouvel esprit, assure Nicolas Sarkozy, qui souhaite désormais « associer étroitement le Parlement français aux grandes orientations de la politique de la France en Afrique ».
La France appuiera l’Union[e] africaine
– Autre preuve du changement selon le chef de l’État, l’attitude française lors de la crise tchadienne du début février : si l’armée française a bien apporté un appui logistique au Tchad, elle « s’est interdite de s’immiscer dans les combats ». Finalement, un retrait des forces françaises du continent africain est tout de même évoqué. La France appuiera l’Union[e] africaine, qui souhaite se doter de forces d’intervention propres, à l’horizon 2010-2012. « Que cet objectif soit aussi celui de la France ! dit Sarkozy. La France n’a pas vocation à maintenir des forces armées en Afrique. » Mais la France appuiera aussi des « élections libres, justes et reconnues », la démocratie et la justice étant les « meilleurs garants de la paix ».
Les pays cités sont la Côte d’Ivoire, le Zimbabwe et le Tchad, l’étape précédente du voyage du président. On y était hier toujours sans nouvelles de deux dirigeants de l’opposition disparus. Mais en Afrique du Sud, la démocratie est bien là, et pour la célébrer, le député afrikaner Koos van de Merwe a entamé, en plein hémicycle et en français, une vibrante Marseillaise.
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Le Monde 080228
Visite controversée de Nicolas Sarkozy au Tchad après la disparition d’opposants à Idriss Déby
LE MONDE | 27.02.08 | 10h59 • Mis à jour le 27.02.08 | 12h19
Tout bien pesé", Nicolas Sarkozy fait escale à N’Djamena, la capitale du Tchad, mercredi 27 février, avant d’effectuer les deux jours suivants une visite d’Etat en Afrique du Sud. Moins d’un mois après avoir soutenu le président tchadien Idriss Déby menacé par une offensive rebelle, M. Sarkozy a décidé de maintenir cette visite controversée.
Le président français a fait ce choix alors que l’on reste sans nouvelles de deux responsables de l’opposition tchadienne, dont un rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) affirme qu’ils ont été "arrêtés par les forces gouvernementales de sécurité le 3 février" lors d’une "vague de répression" engagée immédiatement après la victoire militaire de M. Déby.
L’Elysée, en ne confirmant la visite présidentielle à N’Djamena que mardi soir, quelques heures avant le départ, a pris soin d’insister sur le fait que M. Sarkozy avait "hésité" à maintenir ce déplacement et ne l’avait fait qu’après avoir pesé le pour et le contre. Renoncer à cette escale aurait été "la solution de facilité pour ne pas prêter le flanc à de nouvelles critiques", indique-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat. Cela aurait signifié "abandonner les Tchadiens à leur sort et laisser la situation s’aggraver".
Sans se référer explicitement au respect des droits de l’homme, l’Elysée assure que le président va à N’Djamena "pour obtenir des résultats concrets". M. Sarkozy souhaite obtenir la mise en place d’une commission d’enquête "crédible", incluant une "participation internationale", afin de faire la lumière sur les disparitions d’opposants. Il attend aussi l’annonce d’une "reprise sans délai" du dialogue politique avec l’opposition. M. Sarkozy devrait rencontrer des opposants à l’ambassade de France.
– Le président tchadien, qui a détrôné par la force, en 1990, le dictateur Hissène Habré avec le soutien de la France, règne sans partage. Dans un pays où l’Etat n’a guère d’existence et où les coups de force militaires tiennent lieu de rapports politiques, il a fallu la pression de l’Union[e] européenne pour que M. Déby accepte le principe d’un dialogue avec l’opposition. Ces contacts, qui n’ont pas inclus les groupes armés, ont abouti à un accord, signé le 13 août 2007, prévoyant des élections législatives en 2009.
La disparition de trois responsables de l’opposition pourrait remettre en cause cet engagement. Les autorités tchadiennes ont reconnu qu’elles détiennent comme "prisonnier de guerre" Lol Mahamat Choua, président du comité de suivi de l’accord, placé "en résidence surveillée chez lui" à la veille de la venue de M. Sarkozy. Mais le sort du député Ngarlejy Yorongar et d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la principale coalition de l’opposition, inquiète. De source française, on indique que le premier s’est réfugié au Cameroun voisin, ce que son entourage dément. Concernant le second, aucune information ne filtre.
Craignant des "disparitions forcées", HRW juge "inopportun" le voyage au Tchad du président français, "à moins que des preuves concrètes n’attestent que Saleh et Yorongar sont en vie". De leur côté, les cinq avocats tchadiens et français des deux disparus estiment que "la responsabilité [de M.Sarkozy], dès lors qu’il maintient son déplacement, est lourde, eu égard aux informations alarmantes" en leur possession.
– Soupçonné de cautionner un régime autoritaire, M. Sarkozy souhaite faire de cette étape un symbole de sa volonté de changement en matière de politique africaine, la France n’agissant plus unilatéralement mais avec le feu vert de la communauté internationale. La présence à ses côtés de Louis Michel, commissaire européen au développement, et d’Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, est censée symboliser ce tournant.
– Il s’agit aussi de marquer le soutien à la force européenne (Eufor) qui a commencé son déploiement dans l’est du Tchad, aux confins du Darfour (ouest du Soudan), pour assurer la sécurité de quelque 500 000 réfugiés et déplacés.
Dans le même esprit, la grâce sollicitée auprès de M. Déby par les six condamnés de l’affaire de L’Arche de Zoé n’entre "pas dans les objectifs du voyage", dit-on à l’Elysée. Cette prudence vise à éviter à la fois "le mélange des genres" et le parasitage du discours que M. Sarkozy doit prononcer au Cap devant le Parlement sud-africain. Il devrait évoquer sa volonté de renégocier les accords de défense et de coopération militaire entre la France et des pays africains.
Philippe Bernard
La FIDH s’inquiète d’un "soutien aveugle" au régime tchadien
Après avoir été reçue par Nicolas Sarkozy avec cinq autres organisations de défense des droits humains, mercredi matin, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a jugé que "le sort des opposants politiques doit être élucidé avant le départ du président Sarkozy, sans quoi le soutien de la France au régime du président Déby serait aveugle".
Dans son communiqué, l’ONG demande au président français "d’exprimer une position publique ferme exigeant des autorités tchadiennes le respect inconditionnel des droits humains et l’ouverture de discussions de paix engageant le pays dans un véritable processus de dialogue politique". – (Avec AFP)
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Le Monde 080228
La France va renégocier tous ses accords militaires en Afrique, annonce Nicolas Sarkozy
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 28.02.08 | 13h53 • Mis à jour le 28.02.08 | 16h11
L’annonce officielle ne devrait intervenir que dans l’après-midi de jeudi 28 février, mais Nicolas Sarkozy a d’ores et déjà fait part de son intention de renégocier les accords militaires qui lient la France à différents pays d’Afrique. "J’annoncerai la renégociation de tous les accords militaires de la France en Afrique", et tous ces accords seront publiés "dans la transparence", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-africain Thabo Mbeki, au Cap.
"La France doit être présente de façon différente en Afrique", a-t-il plaidé, précisant que "tous les chefs d’Etat [concernés] sont informés". Thabo Mbeki s’est félicité de cette annonce. "Cela fait partie de la suite du processus de décolonisation en Afrique", a-t-il dit. L’annonce devrait intervenir au Parlement sud-africain, devant lequel le président français doit s’exprimer jeudi après-midi.
"LA FRANCE N’A PAS À JOUER UN RÔLE DE GENDARME EN AFRIQUE"
Jeudi matin, Nicolas Sarkozy avait déjà indiqué au quotidien sud-africain The Star qu’il comptait "revoir la présence militaire française en Afrique". "Je pense que les temps ont changé et que la France n’a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique, c’est le rôle de l’Union[e] africaine et des organisations régionales africaines", avait-il dit. "C’est dans ce but que j’ai décidé de revoir le cadre de cette présence militaire et ses objectifs", avait-il ajouté.
"Il est certain que certaines bases vont disparaître", a expliqué une source diplomatique interrogée à Paris, citant l’exemple de celle d’Abidjan, où 900 hommes du 43e bataillon d’infanterie de marine sont stationnés en permanence, indépendamment des effectifs de la force Licorne. Quelque 9 000 soldats français sont actuellement déployés au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Tchad, en Centrafrique et à Djibouti.
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Le Figaro 080228
Paris réduit le déploiement de son armée en Afrique
Arnaud de La Grange
27/02/2008 | Mise à jour : 22:39 | Commentaires 2
Le chef de l’État français doit annoncer jeudi au Cap que le nombre de soldats et de bases militaires devrait baisser et que les accords de défense seront revus.
S’il y a un sujet diplomatico-stratégique auquel une politique de rupture devait s’attaquer, c’est bien celui des relations entre la France et l’Afrique. Le candidat Nicolas Sarkozy s’y était engagé durant la campagne, mais le mouvement n’était jusque-là guère perceptible. Le président va saisir l’occasion de sa visite en Afrique du Sud, aujourd’hui, pour annoncer une refonte du dispositif militaire français sur le continent noir.
– Le premier volet concerne la relation politique entre Paris et les capitales de l’ancien pré carré. Le chef de l’État devrait annoncer une remise à plat des accords de défense et de coopération militaire. Avec comme mot clé plus de «transparence». Les diplomates devraient ainsi nettoyer les fameuses «clauses secrètes» de ces accords, non publiées officiellement, mais à la source de bien des aventures expéditionnaires françaises.
– Le second volet touche à la carte militaire française en Afrique. Quelque 9 000 hommes y sont déployés. Quelles bases va-t-on fermer ou garder ? Certaines causes paraissent acquises, d’autres sont plus incertaines. Paris dispose de trois bases permanentes : Djibouti, le Sénégal et le Gabon.
– Les deux autres implantations le Tchad et la Côte d’Ivoire ont des statuts plus volatils, relevant de l’opération extérieure. «Djibouti à l’Est, le Tchad au Centre, mais trois implantations à l’Ouest, c’est donc là que des choix devraient être faits», confie une source militaire.
– Côté «retraits» purs et simples, l’affaire de la Côte d’Ivoire semble entendue. Il vient d’ailleurs d’être décidé de changer le statut de nos forces présentes à Abidjan : elles passent d’implantation permanente (le 43e Bima, bataillon d’infanterie de marine, créé en 1978) à celui d’«opération d’extérieure» (Opex). Il sera ainsi facile de rapatrier les soldats quand on estimera l’incendie ivoirien bien éteint.
Abidjan bientôt fermée, Djibouti allégée
– Le Tchad est un cas particulier. L’opération «Epervier», mise en place en 1986 pour protéger le pays des appétits libyens, est un «dispositif provisoire» qui dure, pour le moins… En France, le tropisme tchadien est encore fort. Les militaires vantent les qualités de «porte-avions terrestre» au cœur du continent, les diplomates voient encore dans le Tchad le «verrou de l’Afrique». Mais Nicolas Sarkozy pourrait décider de réduire la voilure, une fois la situation stabilisée, notamment avec le déploiement de la force européenne (Eufor).
– Côté bases, Djibouti devrait être conservée. Mais le nombre de soldats y serait réduit, certains de ses effectifs étant d’ailleurs réaffectés sur la future base d’Abu Dhabi. Va-t-on choisir entre le Gabon et le Sénégal ?
– Les deux bases ont des qualités stratégiques différentes. Avec le retrait d’Abidjan, Dakar reste la seule porte d’entrée maritime digne ce nom pour la France. L’implantation «marine» pourrait être conservée, la composante terrestre diminuant. De plus, le Sénégal est bien placé à la lisière de la zone sahélienne et de ses sanctuaires islamistes.
– Le Gabon, lui, est la plaque tournante, aérienne notamment, de toutes les opérations françaises en Afrique, d’où viennent les troupes qui encaissent les premiers chocs et où atterrissent les avions qui transportent les soldats ou évacuent les ressortissants. Cette capacité pourrait être conservée.
La fermeture de bases n’est pas la seule option disponible. «L’idée est de diminuer le nombre d’hommes en Afrique d’une manière générale, poursuit la même source, avec deux solutions palliatives : réaffecter de plus en plus nos hommes, moins nombreux, à la formation des armées africaines, pour, à terme, passer le relais, et prépositionner des équipements et installations pour des troupes d’intervention venues de métropole en cas de coup dur.»