Africa, nuovo orizzonte cinese


Pierre-Antoine Braud,
ricercatore presso l’Istituto per gli studi sulla sicurezza della UE,
ex-consigliere politico ONU

Africa, nuovo orizzonte cinese

Cronologia

1994: primo investimento
petrolifero cinese in Africa, Sudan ;

1999: il governo
cinese elabora una strategia più ambiziosa per l’Africa;

2000: prima banca
cinese in Africa, EximBank, in Sudan; primo forum di cooperazione Cina-Africa;

2004: prestito
cinese di $2MD (che diverranno forse $6MD nel 2008) all’Angola;

2005: accordo con
il Sudafrica per lo sviluppo del nucleare civile.

Bibliografia consigliata:

Chine-Afrique : le dragon et l’autruche,
d’Adama Gaye (L’Harmattan, 294 p., 25,50 €).

"La Chine en Afrique", n. 8 della
rivista Monde chinois, 2006.

La Cina ha
strutture politiche ed economiche  in
Africa per facilitare l’ampliamento della sua penetrazione nel continente.

  • Ci sono in
    Africa oltre 8000 imprese cinesi, l’interscambio x3 in 4 anni; presenti
    ufficialmente 130 000 cinesi, probabilmente di più; si prevede crescano x2
    o x3 in 5 anni.

La penetrazione
cinese è diversa dalla colonizzazione francese, non presenta aspetti ideologico-culturali,
risponde direttamente a esigenze economiche e politiche.

  • In Africa la
    Cina cerca di assicurarsi la diversificazione del rifornimento di materie
    prime, e di dipendere meno dal MO, dove sono egemoni gli USA.
  • la Cina a
    sua volta consente ai paesi africani di diversificare gli interlocutori
    internazionali e di far alzare le loro offerte.
  • La tendenza
    si è intensificata negli ultimi due anni, ma è iniziata nel 1993, quando la
    Cina è divenuta importatrice netta di petrolio.
  • La
    riflessione strategica è stata avviata nel 1999.
  • I cinesi
    hanno cominciato sfruttando le opportunità nei paesi dove minore era la
    competizione: Sudan, Angola, Nigeria, Zimbabwe; spesso in momenti in cui i
    conflitti facevano fuggire le imprese occidentali da questi paesi.

A parte il
petrolio, l’Africa è ormai un laboratorio per esportare manufatti a maggior
valore aggiunto.

  • La
    penetrazione è avvenuta in 4 fasi: petrolio, minerali, BTP (?) e poi
    esportazioni da parte di privati ad esempio di prodotti tessili.
  • È stato
    creato un sistema finanziario in cui banche cinesi erogano prestiti a società
    africane.
  • La recente
    nomina di un cinese di Hongkong a presiedere l’OMS segnala che la Cina è in
    grado di avere l’appoggio di 48 paesi africani, pari al 25% dei voti all’ONU.

Reazioni alle
iniziative cinesi in Africa:

  • I paesi
    europei, in particolare le vecchie potenze coloniali come Francia e Belgio,
    vedono nell’ingresso della Cina il declino della propria influenza;
  • gli USA la
    vedono come un attore in più nella competizione globale.
  • Gli
    occidentali faticano ad accordarsi su questioni internazionali per attrezzarsi
    a questa nuova tendenza.
  • In Africa:
    reazioni contraddittorie, con i commercianti senegalesi che nel 2004
    lamentavano una competizione iniqua dei prodotti cinesi;
  • in Sud
    Africa, Zimbabwe e Zambia stanno emergendo posizioni anti-cinesi, in Zambia la
    Cina è entrata nel dibattito politico per le elezioni presidenziali.

Le Monde            061212

Pierre-Antoine Braud, chercheur à l’institut pour
les études de sécurité de l’Union européenne et ex-conseiller politique aux
Nations unies

Afrique, nouvel
horizon chinois

La Chine multiplie ses investissements en Afrique.
Un journal chinois vient d’être créé au Nigeria. L’Afrique sera-t-elle bientôt
terre chinoise ?

 

Il est trop
tôt pour dire si les Chinois s’inscrivent dans une logique hégémonique
.
Mais des structures
politiques et économiques sont en place pour que cette percée bien réelle
puisse s’étendre.
Plus
de 800 entreprises de l’empire du Milieu y sont déjà présentes, le volume des
échanges a triplé en quatre ans. Officiellement, le continent accueille 130 000
Chinois, mais ils sont probablement davantage. On s’attend à un doublement,
voire à un triplement, d’ici cinq ans.

Pour autant, nous n’assisterons pas à la création d’une
"Chinafrique" à l’image de la "Françafrique" du XXe siècle.
La relation française reposait notamment sur des dimensions idéologiques et
sentimentales
. L’essor chinois, actuel et futur, répond à des intérêts
économiques et politiques bien compris des deux côtés.

En quoi la percée chinoise est-elle une tendance
de fond ?

–   
Le continent africain représente l’opportunité
pour la Chine de sécuriser durablement un accès aux matières premières
nécessaire à sa croissance
. Ce développement s’intensifie depuis
deux ans, mais il s’est amorcé en 1993, quand la Chine est devenue importatrice
nette de pétrole
. Une réflexion stratégique s’est mise en place depuis
1999.
En important d’Afrique, les Chinois échappent à la zone du
Proche-Orient, où les Etats-Unis sont omniprésents.

–   
Les Chinois ont tout d’abord saisi des opportunités
là où la compétition était moins forte : Soudan, Angola, Nigeria, Zimbabwe

Souvent au moment où ces
pays connaissaient des conflits et étaient délaissés par des compagnies
occidentales
. Ils se sont créé des niches à partir desquelles ils
rayonnent

–   
Hormis le
pétrole, vers quels types de secteurs les investisseurs chinois vont-ils se
diriger ?

–   
Nous assistons à une sorte de "remontée de
filière". L’Afrique est désormais un "laboratoire" pour exporter
des produits manufacturés à plus forte valeur ajoutée
.

–   
La percée a
suivi quatre phases : le
pétrole, le minerai puis le BTP, et enfin les exportations
avec des
acteurs privés, pas forcément liés à l’appareil d’Etat, comme le textile.

–   
Un système financier est maintenant en place pour
les développements futurs : des banques chinoises prêtent localement à des
compagnies pour se développer
.

La récente
nomination d’une Chinoise de Hongkong à la tête de l’OMS

est-elle un des premiers fruits de la politique clientéliste chinoise en
Afrique
?

C’est un des éléments, et nous ne sommes peut-être qu’au
début d’une politique d’influence croissante dans les organisations
internationales
. Cette
élection est une première. Pour obtenir une agence, il est utile d’avoir le
vote des 48 pays africains qui représentent 25 % des voix aux Nations unies
.

Quels avantages les Africains vont-ils retirer de
cette percée ?

Dans un contexte de crispation et de fermeture
européenne, l’Asie apparaît comme une alternative. Les dirigeants africains veulent diversifier leurs
interlocuteurs internationaux. En clair, faire monter les enchères, et cela
marche très bien
.

Certains dirigeants africains semblent également
fascinés par ce qu’ils appellent le "modèle chinois" : un
autoritarisme politique doublé d’une ouverture économique, source de
croissance. Il existe une certaine compréhension mutuelle entre des régimes qui
ont des fonctionnements communs : le rapport aux services de renseignements, le
lien entre compagnies parapubliques et gouvernement…

–   
Quelle pourrait être la réaction des Occidentaux ?

–   
L’inquiétude est différente de part et d’autre de
l’Atlantique
. En Europe, les anciennes
puissances coloniales – France, Belgiquey voient une illustration du déclin de leur influence.

–   
Aux Etats-Unis,
c’est un élément
supplémentaire dans un jeu de rivalité
pour le rayonnement international
et la sécurité énergétique. Ces craintes futures montrent que les Occidentaux arrivent très
difficilement à s’accorder
dans certaines instances internationales pour s’adapter à cette
nouvelle tendance durable
.

Comment réagissent les opinions publiques
africaines ?

Des stéréotypes sont profondément enracinés, tant
côté chinois qu’africain. Globalement, les sentiments sont ambigus. Des commerçants sénégalais
jugeant la concurrence chinoise déloyale ont manifesté au Sénégal en 2004
,
avant de bénéficier des produits chinois. Mais il est vrai qu’on assiste à une montée des
sentiments sinophobes dans toute une série de pays : Afrique du Sud, Zimbabwe,
Zambie, où le sujet a fait l’objet de débat lors de l’élection présidentielle.

Des émeutes antichinoises ne sont pas à exclure dans ces prochaines années.
Est-ce que cela pourra freiner leur percée ? On peut l’envisager.

Contrairement aux Occidentaux, les Chinois ne
posent pas de conditions en termes de bonne gouvernance…

Les Occidentaux imposent leurs conditions, mais,
concrètement, les effets sur la bonne gouvernance de ces pays sont limités.
Cela dit, l’arrivée des puissances économiques émergentes, chinoise, indienne,
brésilienne dans une moindre mesure, risque de conforter les travers existants.

Comment voyez-vous, à plus long terme, l’impact de
cette percée ?

On peut
penser que les dirigeants africains utiliseront, comme dans les années
1960-1970, ces revenus financiers supplémentaires pour maintenir des régimes
autoritaires, ou semi-autoritaires, en entravant donc la diversification de
l’économie et la montée d’un secteur privé autonome
.
Autant de blocages source de conflits. Déjà les tentatives de museler les
velléités de transition démocratique dans les années 1990 se sont accompagnées
d’explosions de violence. On
pourrait rentrer dans une période similaire d’ici à 2020, date à laquelle la
manne pétrolière se sera probablement tarie
. Avec, in fine, ce discours
type : l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie, il leur faut un homme à
poigne. Mais ce penchant pour l’autoritarisme est une bombe à retardement qui
légitime la violence au quotidien.

Les Chinois peuvent jouer un certain rôle, mais,
pour éviter une telle évolution, c’est avant tout de la responsabilité des dirigeants
africains.

Propos recueillis par Laure Belot et Frédéric
Bobin

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CHRONOLOGIE

1994

. Premier investissement pétrolier chinois en
Afrique, au Soudan.

1999

. Le pouvoir chinois élabore une stratégie plus
ambitieuse sur l’Afrique.

2000

. Première banque chinoise en Afrique, EximBank,
au Soudan. Premier forum de coopération Chine-Afrique.

2004

. Prêt chinois de 2 milliards de

dollars (peut-être 6 en 2008) à l’Angola.

2005

. Accord avec l’Afrique du Sud de développement
dans le nucléaire civil.

À LIRE

Chine-Afrique : le dragon et l’autruche, d’Adama
Gaye (L’Harmattan, 294 p., 25,50 €).

"La Chine en Afrique", no 8

de la revue Monde chinois, 2006.

Article paru dans l’édition du 10.12.06

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