Le Monde 061105
Gerhard Schröder, ex cancelliere tedesco
Gerhard Schröder : l’Europa deve
stringere "una relazione strategica
con la Russia"
Dalle Memorie di Schröder che sarà pubblicato il 9 novembre,
edizioni Odile Jacob :
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Nel primo periodo del cancellierato (nominato nel
1998) Schröder pensava che la Germania si dovesse volgere di più verso la GB,
nonostante la consapevolezza che senza la cooperazione franco-tedesca non era
possibile fare molto in Europa. Poi l’esperienza ha messo in chiaro che la GB
non poteva essere il motore dell’integrazione europea allo stesso livello della
cooperazione franco-tedesca.
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Quello che ha molto disturbato l’avanzare
dell’integrazione europea è che i britannici tendevano a incolpare l’Europa per
i loro problemi interni.
–
Le Monde: il consiglio europeo di Nizza del
2000, sotto presidenza francese, è stata un’esperienza snervante per tutti i
partecipanti. In seguito a questo vertice lei constata una “svolta” della
politica europea della Francia. Non si può parlare anche di una svolta
nell’atteggiamento della Germania?
–
Schröder: C’è stato un avvicinamento tra i due
governi…
–
Abbiamo preso coscienza che senza una stretta
concertazione tra Parigi e belrino, si sarebbe potuta riproporre una Nizza.
Occorreva tener conto del fatto che la Germania, dopo al riunificazione, aveva
più abitanti degli altri grandi paesi europei. Chirac l’ha compreso ed ha accettato
la doppia maggioranza (della popolazione e degli Stati) per le decisioni del
Consiglio europeo, come è stato accolto nella Costituzione. Abbiamo poi avviato
il cosiddetto “Processo di Bläsheim”, le frequenti riunioni tra il presidente
francese e il cancelliere tedesco.
–
La comune opposizione alla guerra contro l’Irak
ha avvicinato i due paesi. Ho diverse volte usato la formula la politica estera
della Germania è decisa a Berlino e non altrove, una dichiarazione diretta
contro nessuno. Ma come per gli interventi in Kosovo o in Afghanistan abbiamo
onorato gli impegni assunti con la Nato, così ho sempre affermato che toccava a
noi tedeschi decidere ciò che per noi era accettabile e ciò che non lo era…
–
… a causa della sua storia, dopo la Seconda
guerra mondiale la Germania ha sempre concepito la sua politica estera come
integrata in una politica europea … Per me la relazione transatlantica è importante,
ma .. al di là dell’amicizia transatlantica esistono interessi diversi, ad
esepio per la poltica commerciale. E’ per questo che sollecito l’europea ad
attrezzarsi per al competizione. Più l’Europa saraà integrata, più sarà
efficace.
Tutti i paesi UE sono, rispetto agli USA. potenze medie. Io
la penso cos’: Francia e Germania devono costituire il nocciolo dell’Europa
integrata e dar sì che questa Europa stringa una relazione strategica con la
Russia.
… E’ merito personale
di Chirac che siano potuti iniziare i negoziati con la Turchia. Non vedo altra
soluzione che la piena e intera adesione della Turchia alla UE.
sul dispotismo asiatico di Putin…
–
… Gli europei devono chiedersi: vogliono una
Russia strettamente legata ad essi, dal punto di vista politico, economico,
culturale? Oppure vogliono che a causa delle difficoltà che le vengono
frapposte la Russia si trinceri nel suo ruolo di potenza asiatica? C’è la
possibilità che la Russia si avvicini all’Europa, ma il processo deve essere a
doppio senso, anche gli europei devono dare uno sforzo e cesare di vedere la
Russia solo attraverso il risma della guerra in Cecenia.
–
… Sulla stampa russa ho constatato che c’è un
ampio ventaglio di posizioni, per la televisione è più complesso. Ma mi è
capitato di leggere un reportage su un gruppo rock americano, che a causa della
sua opposizione ala guerra contro l’Irak, non è più trasmesso sulle reti
americane…
… il
merito di Putin è di ristabilire lo Stato come protettore dei cittadini e degli
investitori, un presupposto questo della democrazia. Visto il nostro passato,
noi tedeschi dobbiamo guardarci dal dare lezioni.
Le Monde 061105
GERHARD SCHRODER, ANCIEN CHANCELIER D’ALLEMAGNE
Gerhard Schröder : l’Europe
doit nouer "une relation stratégique avec la Russie"
Dans votre livre de
Mémoires qui paraît jeudi 9 novembre aux éditions Odile Jacob, vous reconnaissez votre
proximité avec la Grande- Bretagne et votre relation plutôt distante avec la
France lorsque vous êtes arrivé au pouvoir en 1998.
Je suis né et j’ai
grandi en Allemagne du Nord. La proximité géographique avec la France n’y est
pas aussi étroite et aussi traditionnelle qu’en Allemagne du Sud. Cela ne veut pas dire que je
n’étais pas conscient du fait que, sans la coopération franco-allemande, il
n’était pas possible de faire grand-chose en Europe. Mais j’ai dû
acquérir une proximité émotionnelle avec cette relation franco-allemande
particulière. D’abord j’ai
pensé que, à côté de cet axe franco-allemand, on devait regarder plus vers
Londres. Avec l’exercice du pouvoir, cette idée s’est relativisée. Non que je sois
devenu un adversaire de l’intégration de la Grande-Bretagne dans l’UE, mais il m’est apparu clairement que
le rapport des Britanniques à l’Europe ne leur permettait pas d’être le moteur
de l’intégration au même titre que la coopération franco-allemande.
L’expérience me l’a appris.
N’était-ce pas
aussi, à l’époque, une proximité politique avec Tony Blair, plus nette qu’avec
Jacques Chirac ?
Certes. Et une
proximité personnelle. Nous avons développé ensemble l’idée de la
"troisième voie" entre le capitalisme et le socialisme traditionnel. Il est apparu cependant qu’il existe
en Grande-Bretagne une tendance à rendre l’Europe responsable des problèmes
intérieurs. Ça a beaucoup gêné les progrès de l’intégration européenne.
Le deuxième événement a été ma rencontre avec Jacques Chirac. Les débuts ont
été un peu difficiles parce que Jacques Chirac est un homme qui sait utiliser les faiblesses des
débutants au service de sa politique. C’est indiscutable. C’est un grand européen, mais très,
très français. La place de la France lui tient très à cœur. Avec le
temps et le travail en commun s’est développée une nouvelle forme de
compréhension, à la fois personnelle et au-delà des personnes, dans la
coopération politique franco-allemande. Nous pouvions compter l’un sur l’autre.
Le Conseil européen de Nice, en décembre 2000, sous
présidence française, a été une expérience pénible pour tous les participants.
A la suite de ce sommet, vous constatez un "revirement" de la
politique européenne de la France. Ne peut-on pas parler aussi d’un revirement
de l’attitude de l’Allemagne ?
Il y a eu un
rapprochement entre les deux gouvernements qui tient aux relations entre
Jacques Chirac et moi-même, mais aussi aux rapports de travail qu’ont su nouer
nos collaborateurs. Nous
avons pris conscience que, sans une concertation étroite entre Paris et Berlin,
Nice pouvait se reproduire. Il fallait tenir compte du fait que l’Allemagne,
après la réunification, était plus peuplée que les autres grands pays
européens. Jacques Chirac l’a compris et a accepté la double majorité (de la
population et des Etats) pour les décisions du Conseil européen, ce qui a été
acté dans le projet de Constitution. Nous avons ensuite mis en route
ce qu’on appelle le "processus de Blaesheim", c’est-à-dire les
rencontres fréquentes et informelles entre le président de la République et le
chancelier.
L’hostilité commune à la guerre en Irak a-t-elle joué
dans ce rapprochement ?
Certainement. A aucun moment je n’ai douté pouvoir de me
reposer sur l’entente avec la France.
A ce propos, vous
parlez d’une "indépendance relative" de la politique étrangère
allemande. Qu’entendez-vous par là ?
J’ai à plusieurs reprises employé la formule : la
politique étrangère de l’Allemagne se décide à Berlin et pas ailleurs. Ce n’est
dirigé contre personne. Mais
autant au moment des interventions au Kosovo ou en Afghanistan nous avons
rempli nos engagements vis-à-vis de l’Alliance atlantique, autant j’ai toujours affirmé qu’il nous
revenait de décider ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. On
doit pouvoir, dans l’Alliance atlantique, dire ce qu’on pense. Et j’espère que
la politique étrangère allemande continuera dans ce sens.
Vous intégrez cette
relative indépendance dans une perspective européenne, avec des accents que ne
renierait pas un homme politique français.
Les comparaisons
sont toujours un peu difficiles. La conception allemande de la politique
européenne a toujours été dominée par l’idée d’intégration. S’il y a un pays qui a toujours mis
sa politique étrangère au service de l’Europe, c’est bien l’Allemagne.
Vous pensez que pour
la France, c’est l’inverse…
Non ! Toutefois, à
cause de l’histoire, l’Allemagne
a toujours, après la seconde guerre mondiale, conçu sa politique étrangère
comme intégrée dans une politique européenne. En revanche, pour la
France, la dimension européenne est un moyen d’affirmer son identité et son
rôle dans le monde. Or quand on dit Europe en France, on pense aussi Allemagne.
Il y a donc eu un rapprochement dans les faits entre les conceptions des deux
pays.
Cette
indépendance doit-elle d’abord se manifester par rapport aux Etats-Unis ?
Je ne voudrais
pas qu’il y ait des malentendus. Pour moi, la relation transatlantique est
importante. Mais j’ai
fait l’expérience qu’au-delà de l’amitié transatlantique il existe des
intérêts différents. Par exemple dans la politique commerciale. C’est
pourquoi je plaide pour que l’Europe s’arme pour la compétition. Plus
l’Europe sera intégrée, plus elle sera efficace.
–
Comparés aux Etats-Unis, tous nos pays
sont des puissances moyennes. Ma conception est la suivante : la France et
l’Allemagne doivent constituer le noyau de l’Europe intégrée et faire en sorte
que cette Europe noue une relation stratégique avec la Russie. Je crois que l’Europe, de par son
histoire, est prédestinée à jouer un rôle dans le dialogue des cultures. Je
constate avec plaisir qu’elle essaie de régler par des moyens pacifiques la
querelle du nucléaire iranien. Et c’est le mérite personnel de Jacques
Chirac que les négociations avec la Turquie aient pu s’ouvrir. Car je ne vois
pas d’autre solution que l’adhésion pleine et entière de la Turquie à l’Union
européenne.
Vous dites :
Vladimir Poutine pense occidental. Peut-être, mais il agit plutôt selon les
principes du despotisme asiatique. Pourquoi cette indulgence ?
Les élites russes se
sentent proches de l’Europe. Cela vaut en particulier pour Vladimir Poutine. La question que doivent se poser les
Européens est la suivante : veulent-ils une Russie étroitement liée à eux,
politiquement, économiquement, culturellement ? Ou veulent-ils qu’à cause des
difficultés qu’on lui fait cette Russie se mure dans son rôle de puissance
asiatique ? Il
existe une chance que la Russie se rapproche de l’Europe. Mais le processus ne
peut être à sens unique. Il faut que les Européens aussi fassent un effort et
cessent de voir la Russie uniquement à travers le prisme de la guerre en
Tchétchénie.
Il n’y a pas que la
Tchétchénie. N’êtes-vous pas inquiet des atteintes à la liberté de la presse,
des tracasseries dirigées contre les ONG, etc. ?
Je connais un peu la presse russe et je constate qu’il y a
un large éventail d’opinions.
Pour la télévision, c’est plus
compliqué. Mais je viens de tomber sur un reportage à propos d’un
groupe de rock américain qui, à cause de son opposition à la guerre en Irak, ne
passe plus sur les chaînes américaines. Je ne veux rien excuser. Ce n’est
pas mon rôle, encore moins mon intention, mais je mets en garde contre les jugements à sens unique.
Après des siècles de tsarisme, soixante-dix ans de communisme et dix ans
d’effacement de l’Etat, le mérite de Vladimir Poutine est de rétablir l’Etat
comme protecteur des citoyens et des investisseurs, ce qui est la condition
préalable à la démocratie. Etant
donné notre passé, nous, Allemands, devons nous garder de donner des leçons.
A propos de
l’histoire, vous avez parlé de
la responsabilité des Allemands, y compris des jeunes générations, dans
vos derniers discours comme chancelier, beaucoup plus souvent que dans les
premières années. Est-ce aussi le résultat d’un apprentissage ?
C’est une expérience
que j’ai faite étant au pouvoir. Je n’ai certes jamais pensé que nous devions
tirer un trait sur la Shoah. Mais je me sentais moins concerné que la
génération précédente. Et je pensais en avoir le droit. En effet dans les
conversations, beaucoup d’étrangers soulignaient que les Allemands avaient
changé et que l’Allemagne était devenue un pays "normal". Pourtant,
j’ai compris en parlant avec mes collègues que les mêmes nous en auraient voulu
si nous, Allemands, nous avions tenu le même discours. Cette expérience m’a amené à souligner, également
auprès de mes concitoyens, que nous sommes aussi responsables, pas coupables
mais responsables.
La semaine dernière,
l’hebdomadaire The Economist souhaitait pour la France une Mme Thatcher. Les
pays européens ont-ils, pour se réformer, besoin d’avoir à leur tête de fortes
femmes ?
Ce serait très risqué de prendre actuellement position
sur ce sujet. La presse anglo-saxonne croit qu’on peut et qu’on doit façonner
l’Europe continentale à l’image des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. C’est
une erreur. Les traditions
sont trop différentes. Les mêmes personnes ont, dans les années 1990, donné des
conseils à la Russie. Les résultats ne sont pas tels qu’on doive absolument
transposer ces conseils en France.
Gerhard Schröder,
ancien chancelier d’Allemagne (1998-2005), président du conseil de surveillance
de North European Gas Pipeline (NEGP). Propos recueillis par Daniel Vernet – Article
paru dans l’édition du 05.11.06